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Février 2022

Updated: Apr 4, 2022



Tout devient subitement très réel : nous vendons tous nos meubles et la plupart de nos possessions. La plupart de mes guitares dont déjà parties, et chaque jour, quand je rentre du boulot, j’ai la surprise de découvrir une disparition supplémentaire. Ha tiens, on n’a plus de table, ni de chaises… Et le P’tit Chat m’annonce que le canapé part dans 3 semaines… OK. On va vraiment camper dans la maison durant le dernier mois. Ca nous rappellera nos débuts... La boucle est bouclée.


Le fait de se défaire de ses possessions est à la fois libératoire…et flippant. Une impression très positive de simplifier nos vies. Mais aussi une impression de déconstruire nos acquis. Comme si nos acquis se limitaient à nos possessions… C’est ridicule. Mais solidement ancré.


Mais cette jolie mécanique est brutalement interrompue par le Covid : ça faisait deux ans qu’on slalomait entre les gouttes… ça ne pouvait pas durer. Difficile d’échapper à Omicron. Pour nous, ce sera une sorte de grippe et de rhume en même temps. Désagréable mais pas inquiétant. Sauf que ça nous met une semaine à l’arrêt. Bah… on était large ! Il nous reste 7 bonnes semaines pour tout clôturer ici… Argh !


A peine remis sur pied (ça tousse encore ferme) qu’on est de nouveau en vadrouille : direction le Sud, pour emmener le bateau à Hyères afin de réceptionner et installer les nouvelles voiles.


On sort de l’aéroport de Marseille sous le déluge. Le Sud fait sa mauvaise tête. Ca tombe bien : un génie a décidé d’installer la station de taxi à presque 800m de la sortie de l’aérogare. Autant dire que nous sommes bien trempés pour embarquer dans le taxi. Marseille-Toulon : 180€… ça pique.


Première journée déprimante sous les trombes d’eau. Pas idéal quand on passe son temps à entrer et sortir du bateau. Tout fini par être trempé à l’intérieur. On passe notre temps à éponger…


Pour ajouter à la bonne humeur du jour, problème de batteries. Elles ne donnent pas de courant, alors qu’elles sont chargées à 100%. Après enquête, on utilisait l’ancienne version de l’application iPhone, ce qui aurait bloqué les batteries. On installe la nouvelle app, et tout rentre dans l’ordre. On a quand même perdu 2h sur cette blague…


On rencontre Raymond. La soixantaine. C’est l’ouvrier qui a démonté nos WC pour diagnostiquer le problème de blocage. Une chouette rencontre, ce Breton installé dans le sud : une expérience impressionnante, le coup de main, et toujours prêt à aider. J’apprends beaucoup en travaillant sur les WC avec lui.


Diagnostic imparable : les pompes/broyeurs sont complètement foutues, rongées par la rouille. Et dire qu’on doit appareiller dans 2 jours.

Raymond sort le grand jeu. Il ne manque pas de contacts, et arrive à se faire livrer les pompes pour le lendemain. Un miracle !


En attendant, on nettoie le tuyaux et la cuve d’eau noire avec du vinaigre à 14°. Une astuce fabuleuse, qui élimine tous les dépôts de calcaire, de sel, de papier, et de m***e.

Le lendemain les pompes sont bien là. Mais Raymond a un imprévu. Il ne sera disponible qu’en milieu d’après-midi. Glups… Ce sera le rush pour finir le chantier. Dans la tempête : on essuie des rafale de tramontane à 50 nœuds. Le bateau gîte malgré qu’on n'ait pas de voiles à poste !


D’autant que l’électricien s’y prend aussi en dernière minute pour finaliser son chantier.

Il va s’ensuivre une course au finish à 5 sur le bateau. Ce qui n’a empêché personne de finir son travail de façon qualitative. Je suis positivement étonné : en règle générale, last minute ne rime pas vraiment avec finition de qualité…


Je passe la fin de l’après-midi à faire toutes les vérifications concernant le moteur : niveau d’huile, niveau de liquide de refroidissement, filtre de fuel, filtre à eau, tension de la courroie…


Je suis toujours un peu stressé par l’idée de naviguer sans voile à poste : au moindre problème moteur, notre beau bateau deviendrait un radeau dérivant et notre seule option serait d’appeler les secours et de prier pour qu’ils arrivent avant que le bateau ne soit poussé sur les rochers par le vent et les courants. Bref, que du bonheur…


Il est minuit. Le bateau est enfin prêt pour le départ demain à 8h, fenêtre météo oblige. Une accalmie est prévue demain matin de 8h à 13h. Hyères est à 4h de navigation. Ca passe pile poil. Il aurait été hors de question de prendre la mer avec des rafales à plus de 40 nœuds. On attendra d’être un peu plus aguerri.


On quitte notre emplacement sans encombre avec à peine un quart d’heure de retard.

Les casques Bluetooth que j’ai achetés facilitent vraiment la manœuvre : inutile de hurler d’un bout à l’autre du bateau, nous pouvons communiquer calmement, même quand le p’tit Chat est à la proue et moi à la barre.


Bye bye La Seyne sur Mer. Ca me fait quelque chose de quitter cet endroit où notre projet a pris forme concrète au fil des chantiers sur le bateau.

Nous quittons la rade de Toulon, et nous constatons que les vents d’hier ont laissé une mer bien formée, avec des creux de 3m. A peine 15 nœuds de vent : la fenêtre météo se confirme.

Avec la mer sur le ¾ arrière, le bateau se dandine un peu mais reste très stable. Je suis de plus en plus convaincu que nous avons fait le bon choix pour un bateau amené à faire le tour du monde. Il dégage vraiment une impression de solidité et de puissance.


Nous arrivons déjà à la Petite Passe entre Hyères et Porquerolles. Comme dans toutes les passes, le vent et la mer se renforcent : 25 nœuds et des creux de 4m. Le bateau reste vraiment facile et confortable, même si ça bouge nettement plus.


On enroule la pointe de la Badine et tout se calme : nous sommes désormais protégés du vent par « la botte » d’Hyères, et nous atteignons l’entrée du port en quelques minutes.

Pour nous retrouver nez à nez avec une flotille de petits dériveurs n’ayant rien trouvé de mieux que d’organiser une régate dans l’axe du chenal d’accès ! Je suis obligé de manœuvrer d’urgence pour éviter la collision avec les régatiers entièrement absorbés par leur course et qui semblent ne même pas voir le bateau… Parfois je me demande quel est le processus « intellectuel » qui amène certains génies à faire de telles conneries…


Petit stress au moment d’entrer dans le port. Les informations que nous avons reçues de la capitainerie sont insuffisantes, et nous ignorons le type de manœuvre que nous allons avoir à faire pour nous amarrer : cul à quai, le long du quai en marche avant, le long du quai en marche arrière ?

Durant la navigation j’ai essayé de préparer le p’tit Chat aux 3 possibilités. Idéal pour qu’un débutant se mélange les pinceaux au moment de la manœuvre…


Je prends directement à babord en rentrant dans le port, comme indiqué par la capitainerie. Mais impossible de trouver l’emplacement 2910 le long de la jetée à babord comme indiqué. Je constate qu’au contraire la numérotation s’éloigne de 2910.

Et en prime je sais que je ne peux pas continuer beaucoup plus loin : cette partie du port n’a pas assez de fond pour passer avec nos 2,3m de tirant d’eau.

Marche arrière donc. Impeccable. Ce genre de manœuvre dans une marina correspond un peu à manœuvrer un poids lourd en marche arrière dans un parking bondé. Faciiiiiiile…

Je suis quand même bien aidé par le bateau qui est incroyablement manoeuvrant et par les indications du p’tit Chat qui sont très précises. C’est de la graine de cap’tain, ça !

Tout en reculant je remarque qu’à tribord les quais sont numérotés : 2500, 2600, 2700…

Et évidemment la plaque 2900 était cachée par un bateau amarré…

On trouve la place 2910. Rien à voir avec l’endroit initialement indiqué par le Capitainerie. On est décidémment confronté à une belle brochette de vainqueurs… A moins qu’ils n’aient forcé sur le pastaga à l’apéro…


Cul à quai avec pendille, mais place très étroite. Je briefe une dernière fois le p’tit Chat et la manœuvre est absolument impeccable, on se glisse entre nos 2 voisins avec à peine 20 cm entre les bateaux. Amarres frappées aux taquets de quai. On reprend la pendille, qui est vraiment très raide. On coupe le moteur. Et la pression retombe d’un coup.

Formalités de port et c’est l’heure de l’apéro. Ca tombe bien, on tombe sur un bar nommé « Mojito » : on ne va pas se faire prier pour fêter notre première vraie navigation solo, et cette super manœuvre.


Très chouette marina à Hyères. Je ne m’attendais pas à quelque chose d’aussi sympa. Nous y passerons 3 jours très agréables, malgré le rythme de travail soutenu sur le bateau.

Le vent met un peu plus de temps que prévu à tomber. Ce qui retarde le chantier d’installation des voiles. Nous en profitons pour changer tout le gréement courant : écoutes, drisses, bosses de ris…

On change aussi nos amarres qui ont bien souffert de l’hivernage. On galère un peu à retendre la pendille. Je n’ai aucune expérience sur ce système d’amarrage et comme d’habitude j’essaie de bourriner en force. Mais là c’est vraiment très lourd, et il va falloir que je trouve une technique plus aisée, pour ne pas me blesser à la longue. C’est qu’on a plus 20 ans…


Le lendemain, on retrouve avec plaisir Mathieu et Olivier de Delta Voiles. C’était déjà avec eux qu’on avait fait la guerre contre notre mat qui ne voulait pas lâcher prise lors du changement de gréement dormant.

On charge les voiles sur le bateau (au prix d’une belle gamelle qui me laissera quelques bleus et écorchures), et on les installe à poste.

Comme rien n’est jamais simple, le génois se bloque à mi-hauteur. Impossible de le faire monter…ou redescendre. Galère. On s’escrime de tout notre poids, à 3 trois, pendant une demi-heure et la voile daigne enfin redescendre. On dirait que la ralingue du génois est légèrement trop épaisse pour le rail de l’enrouleur. Retour à l’atelier de voilerie pour corriger ce point. Et 4h plus tard, le génois est hissé à poste, et enroulé.

La grand-voile trouve sa place sur la bôme, dans l’ancien lazy bag. Et nous prenons les cotes pour le nouveau lazy bag. Pour le moment nous ne pouvons pas encore hisser la grand-voile: j’ai égaré la petite boite avec les cardans de mes chariots… On a pourtant retourné tout le bateau, en vain. Comme quoi moi aussi je peux être un génie… Du coup on commande de nouveaux cardans, et on devra patienter jusqu’à notre prochain passage pour pouvoir hisser la grand-voile. Fait chier. Oui c’est vulgaire, mais fallait que ça sorte.


Samedi, on s’offre notre première demi-journée de farniente depuis une semaine. Ca finit en sieste monumentale, et en balade sur la plage.


Dimanche. P’tit dej en terrasse et puis on largue les amarres. Direction Port Grimaud, le port initial de notre bateau. Il fait splendide. La mer est calme. C’est une navigation de rêve. Quel dommage de ne pas pouvoir hisser les voiles.

La bêtise du jour. Je n’ai pas vu que le système électronique du bord n’était pas configuré sur le bon fuseau horaire : alors qu’il nous annonçait une arrivée pour 15h, nous arriverons aux alentours de 17h.

Passage près du vieux port de St-Tropez, au coucher de soleil. Ca reste mythique. Qui l’eut cru qu’un petit trou du c*l des Ardennes passe un jour au large de St-Tropez à la barre de son propre voilier… Je m’autorise un petit moment d’autosatisfaction…

J’émerge de mon satisfecit pour négocier l’entrée de Port Grimaud, et son labyrinthe. C’est qu’il ne s’agit pas d’un port ordinaire, mais d’une cité lacustre. Ca donne un dédale de petits canaux assez stressant à naviguer avec un bateau de cette taille. D’autant que notre place est à l’autre bout du port.

On repère facilement notre emplacement. De nouveau un amarrage cul à quai, mais la manœuvre est délicate à cause d’un bateau « en double file » qui limite notre espace. On ne prend aucun risque et on s’y reprend à deux fois pour se placer dans l’axe idéal, et ça passe impeccable. On assure les amarres et une fois de plus, la tension retombe d’un coup. Étonnant.


Pourtant il reste du boulot. La nuit tombe déjà et le vent se renforce. On annonce un solide coup de vent pour la nuit. C’est la fin de la fenêtre météo favorable dont nous avons bien profité. Mais maintenant il faut préparer le bateau pour la tempête et tout ranger.

Petite surprise de bienvenue : la prise de quai semble être mal installée et ses phases sont inversées. Super. Je n’avais que ça à faire… Je ne me sens pas de démonter le matériel du port. J’opte donc pour une solution temporaire : je démonte ma rallonge pour monter ses phases à l’envers. Ca devrait inverser l’inversion et donc rectifier le courant. Je rebranche en priant Saint Volta pour ne pas faire sauter l’électricité de tout le port. Bingo, ça marche. Les cours d’électricité marine n’ont pas été en vain.

Pour prendre notre avion de demain matin, il faut trouver un taxi fiable qui nous embarquera à 5h15 du mat. Uber ne semble pas très adapté à ce type de demande. Heureusement on finit par dénicher un chauffeur très pro. Nous voilà rassurés.

Il est minuit quand nous avons enfin coché tous les éléments de notre check-list « quitter bateau » : doubler et retendre les amarres, fermer gaz, fermer eau, fermer passe-coques…

La nuit sera courte. 4h30 réveil. Les joies de la vie de vagabond. Taxi. Aéroport. Bruxelles sous la flotte… comme d'hab.


La prochaine fois que nous redescendrons dans le Sud sera la bonne. Plus de maison. Petit stress quand même.


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