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Juin 2023


908 milles jusqu'à Barcelone, début juin 2023

Ce 21 juin n'est pas seulement le début de l'été, que nous passons à Bandol sur la Côte d'Azur, après 200 miles parcourus depuis Fornells à Minorque (30h de traversée, dont les 6 dernières en mode machine à laver, j'en reparle plus tard). Si je parle de ce jour particulier, c'est pour évoquer une chose qui peut paraître simple, et qui pourtant, est le symbole de quelque chose de bien moins commun: nous avons jeté aujourd'hui notre premier tube de dentifrice vide. Pourquoi une chose si anodine commence-t-elle ce récit? Parce qu'elle est la preuve que nous avons passé des mois consécutifs sur le bateau. Nos trois premiers mois, quasi sans interruption, sur Là-bas.


En traversée au coucher du soleil, à travers la fenêtre du bimini (2023)

C'est aussi l'heure des bilans. Nous sommes passés par beaucoup de discussions ce mois-ci, puisque mai s'est terminé pour moi sur une teinte plutôt mitigée. Je me suis demandée si j'étais faite pour la vie sur un bateau. Et se poser cette question est dure, car je vois mon loup de mer littéralement dans son élément. C'est simple, je ne l'ai jamais vu aussi heureux. Il est fait pour être capitaine de voilier. Et moi, je me demande si, à cause de moi, son rêve ne va pas couler. J'avoue avoir culpabilisé, même en sachant que je n'ai rien à me reprocher.





Nous avons donc convenu de tenter différentes choses pour continuer ce projet, que nous aimons tous les deux, quitte à changer de bateau dans les 2 ans qui viennent. Car après mûre réflexion, quelles alternatives y a-t-il qui allient confort d'une maison qui bouge et découvertes, à la fois loin et proches de nos congénères ? Aucune. Et il est hors de question de reprendre une vie sédentaire et monotone.


Port de Bandol, juin 2023

Citons les avantages de la vie en bateau: peu de possessions, une liberté presque absolue, la possibilité de se déplacer partout, un potentiel de découvertes infini, le choix de s'ancrer dans une baie déserte ou de passer une nuit au port, pour profiter d'un confort terrien.

Les inconvénients à présent. Soyons francs, un bateau, c'est quand même un sacré bordel: les bouts qui trainent partout, les bobos, la météo à vérifier tout le temps, l'incertitude de savoir où on va, si on va trouver une place dans une baie ou un port, l'impossibilité d'avoir un programme, les avaries de toutes sortes en permanence, les voiles à monter, descendre, enrouler, dérouler, les quarts, la fatigue, le mal de mer, l'annexe à monter et descendre, l'ennui des traversées. Bref. Parfois, c'est saoûlant.

Parfois.


Mahon, juin 2023 (qui a dit "pas de glace au petit-déj'?!)

Je pense que nous aurons besoin régulièrement d'une pause, d'un changement de cadre radical, pour avoir envie de revenir sur le bateau et continuer. Bon, d'accord, je prêche pour ma chapelle^^. Il n'est pas impossible que je voyage en avion, tandis que mon Capitaine s'éclatera à traverser les océans, accompagné d'hommes et de femmes tout aussi motivés que lui. Nous serons heureux de nous retrouver et d'avoir passé chacun un bon moment. Nous verrons. Chaque chose en son temps.


Sur un bateau, on passe aussi très vite en mode "équipage", mettant le couple en arrière-plan. Il faut y faire attention, pour ne pas s'éloigner (un comble puisqu'on partage le même espace exigu!).


Parlons voyage maintenant:

A peine arrivés à Ginesta (sud de Barcelone) le jeudi 8 juin soir, nous avons une bonne fenêtre météo pour traverser vers Minorque, le lendemain déjà. Gavée de médicaments anti mal de mer et après quelques courses, nous larguons les amarres pour 16h de traversée.


Crique de Fornells, Minorque (juin 2023)

Même si la mer n'était pas déchaînée, j'ai quand même vomi 2 fois... Bref, j'étais heureuse de rejoindre la crique où nous nous étions arrêtés pour la première fois, il y a bientôt un an: Cala Farragut. Nous y restons 2 nuits, avant de nous diriger vers Fornells, mieux abrité et à proximité de la petite ville du même nom. Quelle adorable endroit! De plus, les bouées sont gratuites jusqu'au 15 juin, ce qui est parfait. Nous faisons le plein de courses, de petites balades et de restos avant de partir pour Mahon.


Quel plaisir de retrouver cette jolie ville! Nous y restons 2 nuits également. Nous devons absolument quitter la marina parce qu'il n'y a plus de place. Or, nos batteries ne sont pas chargées, puisque cela près de 10 jours que nous n'avons pas pu brancher le bateau (vive le ponton flottant sans électricité!)... Heureusement, nous trouvons un arrangement avec un jeune homme responsable du port d'à côté. Il nous laisse profiter d'un ponton de passage le temps d'une nuit, pour recharger nos batteries (au sens propre comme au figuré). Gloire à ce marin!


Le lendemain, vers 8h30, nous mettons les voiles pour le sud de l'île. Nous sommes un peu angoissés, car la saison touristique a bel et bien commencé et les places se font rares. Heureusement, nous en trouvons une, dans une crique magnifique, où le chant des cigales tient lieu de fond sonore.


Un des phares de Minorque, juin 2023

Nous n'y restons qu'une nuit, car les vents sont capricieux. Et par un heureux hasard, nous faisons littéralement le tour de l'île pour retourner à Fornells. Nous y resterons 3 nuits, attendant la bonne fenêtre météo pour retourner sur la côte d'Azur. Et là par contre, on passe de bouée gratuite à 180€/nuit! Voilà, voilà... qui est tout de même exagéré.


Nous repartons donc le 18 juin pour les environs de Toulon, soit 200 miles nautiques, ou encore 30h de trajet. J'avoue que j'appréhendais ce retour. Nous serions bien restés une semaine de plus sur place, MAIS nous avions perdu de vue quelque chose de fondamental: tous les vents poussent VERS Minorque. Donc pour en partir, il faut des vents sud-est pendant au moins 2 jours. Et lorsque cette opportunité se présente, pas question de la louper!


Tout se passe bien pendant 24h. Vraiment bien, puisque je ne suis pas malade, ni même nauséeuse! Quel confort par rapport à l'arrivée! Par contre, je ne suis toujours pas capable de rentrer dans le bateau plus de quelques secondes. Alors être coincée sur le point pendant tout ce temps, c'est tout de même fort long.

Que se passe-t-il après 24h? Nous écoutons le Bulletin Météo Spécial (BMS) et nous apprenons, en serrant les fesses, qu'un avis de grand frais est annoncé, c'est-à-dire des vents entre 28 et 33 noeuds, soit 50 à 61km/h. Ô joie... Et bien, cela ressemble à une machine à laver (mode délicat quand même). Nous avons roulé les voiles et mis le moteur, espérant sortir de là au plus vite.

Petite victoire: je n'ai pas non plus été malade, je me suis même endormie ^^.


Même mon capitaine en avez assez. Comme d'habitude, une fois que les côtes sont en vue, le temps semble ramer à contre-sens et on n'en finit pas d'arriver. Nous avons trouvé une place dans une crique bien protégée des vents d'est et avons passé une excellente nuit, ce qui nous a permis de relativiser ces moments assez inconfortables.


Le lendemain, nous tentons notre chance auprès des ports du coin et Bandol nous ouvre les bras. Ca tombe bien, c'est de l'autre côté de notre petite crique! Nous sommes heureux de pouvoir nous y abriter pendant une bonne semaine, car le mistral et le levante se font concurrence et soufflent encore et encore! Il faut chaud... mais chaud! Nous nous terrons dans notre bateau la journée pour n'en sortir que le soir, à la recherche d'une glace et d'un petit resto. Nous en profitons pour nous reposer et travailler pour le bureau. Cette pause nous fait du bien.


Chantier de Bandol, juin 2023

Nous repartirons 3 jours dans la baie pour pouvoir nager et reviendrons ensuite à Bandol, mais du côté places du chantier cette fois. En effet, notre soudeur arrive (enfin) avec notre fameux portique en inox! Il nous faudra 5 jours pour le monter et le fignoler. Il est bô (pour l'admirer, je vous invite à consulter le carnet de voyage de juin de Monsieur)!


Avec tout ça, nous rentrons le 10 juillet, au lieu du 3.


Nous quittons Bandol le 9 juillet, direction la Baie de Saint-Tropez. Comme on a le vent dans le nez, cette dernière navigation se fera au moteur. Nous arrivons en début de soirée à la pointe du cimetière, où nous nous sommes arrêtés plusieurs fois l'an passé. Quel plaisir de se baigner en profitant d'un magnifique coucher de soleil!


Le lendemain matin, nous bichonnons et préparons Là-bas pour notre longue absence. Après un dernier plongeon dans la mer, il est temps de rejoindre Cogolin. Sous un soleil de plomb, nous fignolons les derniers détails et appelons un taxi, direction la gare de Marseille-Saint-Charles pour prendre le TGV. Je m'endors avant même l'autoroute.


Arrivée à la gare. Je ne vous dis pas le choc. Choc culturel, j'ai envie de préciser. Ces gens qui errent comme des zombies, les militaires armés, les agents de sécurité de toutes les couleurs, les sans-abri, tout le monde est assis partout parce qu'il n'y a pas un banc, il fait mourant de chaud, les trains sont en retard, les cahutes à bouffe ne donnent pas envie de manger, ça pue. Mon dieu... J'ai juste envie de rentrer sur le bateau, là, sur-le-champs. Mais je ne peux plus. Il faut rentrer à Bruxelles. Heureusement, le wagon est calme et le trajet se déroule agréablement. Nous retrouvons la voiture à Paris et rentrons vers notre second chez-nous.


Nous avons parcouru presque 1000 milles jusqu'à Cogolin sur ce printemps, pas mal, non?



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