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Mai 2022

Updated: Oct 17, 2022



Nous arriverons à Cogolin le dimanche 1er mai dans l'après-midi. Notre fidèle Là-bas est toujours à sa place. Je suis heureuse d'être de retour. Nous devions accueillir notre skipper, Jean, le lendemain, mais étant donné que le check moteur doit être finalisé ce début de semaine, cela n'a pas de sens de le faire venir plus tôt. Nous convenons donc d'aller le chercher mercredi 4 mai.


Ce jour-là, le voyage en train de Jean est pas mal perturbé: quelqu'un s'est jeté sur les rails, devant son train. Il arrivera en soirée, après avoir passé toute la journée dans son wagon.


Le lendemain matin, cap sur Hyères. J'aurais bien écrit "nous mettons les voiles pour Hyères", mais sans les cardans qui nous permettraient de hisser la grand-voile, ...

D'ailleurs, c'est la raison principale de notre passage là-bas: montage des cardans, du lazy bag et du bimini.


Et autre grande nouvelle: nous pouvons ENFIN faire le plein de carburant! Bon, à un peu plus de 2€ le litre, on est tout de suite moins enthousiaste...

Le trajet se passe agréablement, sur une mer calme, avec un peu de pluie. Nous partons vers 8h du matin et arrivons vers 13H.


Delta Voiles passera vers 14h et nous l'entendrons pester de loin: le lazy-bag est beaucoup trop grand. Et il pleut. A verse. Nous donnons un coup de main pour installer le bimini, qui nous protège rapidement. Je prête un poncho à la couturière pour le retour au bureau, tandis que les hommes occupés au pied du mât sont trempés jusqu'à la moelle.

Heureusement que nous avons une nuitée sur place, car ils doivent revenir le lendemain, avec un lazy bag repris aux bonnes dimensions.

La pluie se dissipera un peu plus tard. Nous dînons au Mojito, ce bar restaurant où nous avions déjà passé la moitié de notre premier séjour.


Le lendemain matin, nous en profitons pour faire des courses et la lessive. Delta Voiles revient avec un lazy bag impeccable cette fois. Durant l'après-midi, nous profitons qu'il n'y ait pas de vent pour hisser pour la première fois notre sublime et neuve grand-voile. Notre skipper remarque immédiatement qu'un des ris est trop court... Il faut changer le bout. Delta Voiles ne pourra s'en occuper que le lendemain matin. Décidément, le destin n'a pas très envie de nous voir partir.



Nous réservons donc une nuit supplémentaire sur place et bricolons un peu sur le bateau pour passer le temps.


Jean ne tient pas en place et fouine à nouveau partout où il peut. Il décide de tester les gilets de sauvetage qui sont à bord. Nous en trouvons au moins 9... Le but est de voir le lendemain lesquels sont dégonflés, et donc inutilisables. Et bien, à notre grande surprise, un seul ne passera pas le test.


Samedi matin, nous attendons Delta Voiles avec impatience, car nous avons envie de naviguer! Ils passeront durant le repas de midi et ce sera vite réglé. Enfin, nous partons. Une fois hors du port, quel bonheur de hisser cette grand-voile pour de bon, de dérouler le génois et de couper le moteur! Nous profiterons de 3h de navigation, le temps que le vent se dissipe pour de bon. Quelle incroyable sensation: il n'y a que le vent qui nous pousse. Le bateau de 20 tonnes avance "tout seul", avec grâce et en silence. C'était magique. Et quelle rapidité pour son gabarit! Je l'avoue, ne pouvant me baser sur aucune expérience précédente, je fais confiance à ce que disent les hommes! Tout de même, je me sens remplie de fierté. Mon bateau est un excellent bateau.


Bon, nous devrons ensuite réenclencher le moteur, sous peine d'arriver le lendemain matin à Cogolin. Malgré tout, c'était un bon avant-goût. Et cela me donne envie de plus.

Je décide alors d'aller faire une petite sieste. Les hommes conseillent de m'allonger dans notre cabine. Et bien cela ne m'a pas réussi du tout. J'étais pourtant couchée confortablement, les yeux bien fermés pour ne pas perturber mon cerveau. Après un quart d'heure de brinquebalage, je me sens moyennement bien et je remonte à toute vitesse.

Après 10 minutes à l'air libre, je ne vais pas mieux, que du contraire. Je m'apprête à me pencher par-dessus bord lorsque mon capitaine apparait comme par magie avec un seau. Ouf, juste à temps. Ce sera mon premier épisode de mal de mer. Ca, c'est fait. Je ne suis pas sûre de passer beaucoup de temps DANS le bateau en traversée...


Durant les 3 jours qui suivront, nous nous concentrerons sur des chantiers de bricolage sur le bateau. De toutes façons, la mer est d'huile (j'ai enfin compris d'où vient cette expression ==>) et naviguer n'a aucun sens, malgré notre frustration. Maintenant qu'il y a des voiles opérationnelles, le vent décide d'aller voir ailleurs s'il y est! Grrrrrrrrr. Il n'y a rien à faire: nous proposons, mais c'est la météo qui dispose en fin de compte.

Ces journées sont riches en enseignements et Là-bas s'améliore petit à petit: démontage et remontage complet du système électrique de la pompe de cale (sauf le buzzer, ce qui rend Jean fou, car il ne comprend pas! Je pense qu'il en rêve encore maintenant...); remontage des plaques de bois dans les 2 coffres arrières, tri et rangement du bateau, détection de soucis électroniques par rapport à l'anémomètre, discussions par rapport à l'installation ou non de systèmes supplémentaires; bref, les jours passent TRES vite. Et nous devenons les meilleurs amis/clients du magasin U-ship et Mr. Bricolage de Cogolin.


Nous avons d'ailleurs appris, presque à nos dépens, que vérifier le ticket de caisse deux fois, ça peut parfois être utile pour le portefeuille: 400€ pour 30m de câble électrique, ça pique... Heureusement, mon capitaine a sorti sa meilleure verve et a récupéré le montant et rendu ledit câble. Je précise tout de même que ce câble était du bien épais et waterproof. Nous en avons retrouvé du bien plus souple ailleurs pour moins cher. Tout est bien qui finit bien. Nous allons enfin pouvoir remplacer notre vieux câble électrique dégueulasse qui relie notre bateau à la borne électrique du quai, rafistolé 150 fois.


Je prépare mon premier cake aux pommes sur le bateau. Ca y est! Nous sommes vraiment à la maison. Les hommes, du fond de leur cale, salivent en reniflant la bonne odeur qui se dégage du four au gaz. La particularité de notre four? On-off... Il faut donc rester à côté pour éviter que le fond du moule brûle et que le haut soit encore coulant. Je m'en sors plutôt bien pour une première fois.


Enfin! Nous pouvons naviguer. Nous attendons le début d'après-midi que la brise thermique se lève (la terre se réchauffe plus vite que la mer, ce qui crée un courant d'air). Les hommes s'amusent et nous naviguons surtout au près, soit à 40-45° du vent, ce qui fait tellement gîter le bateau que la filière se retrouve dans l'eau. Et qu'est-ce qu'il va vite notre Là-bas! On atteint 10 noeuds, soit 18km/heure! Une vraie Porsche de la mer. Nouvelle bouffée de fierté.



C'est super chouette, et un peu stressant en même temps. Ce n'est pas confortable, je dois m'appuyer sur la table du cockpit avec mes pieds pour ne pas glisser. Une heure ou deux, c'est rigolo, mais je n'apprécierais pas de faire toute une navigation à cette allure. C'est simple: à cette allure, impossible de faire quoique ce soit, à part se cramponner pour ne pas se retrouver les 4 fers en l'air. Heureusement, nous naviguerons le plus souvent à des allures bien plus confortables.


C'est impressionnant un voilier sous voile. Ces bouts de tissu immenses qui se tendent sous le vent, depuis le sommet du mât, me remplissent d'admiration. Quelle beauté, quelle grandeur! Je me sens toute petite à côté. Et le fait qu'un truc de 20 tonnes bouge si souplement sur l'eau, uniquement grâce au vent, et bien je trouve ça dingue.


C'est intense. Le stage pratique a vraiment commencé. Je revois les étapes à suivre pour monter et descendre les voiles, le nom des cordages, que faire lorsqu'on vire de bord ou prend/lâche un ris. Pfiouuuuuu. Je ne sais pas encore trop ce que je fais et ça me frustre. Je n'aime pas me sentir gauche comme ça. Pourtant, je sais que ça fait partie du processus d'apprentissage et heureusement! Il n'empêche que je souhaiterais être un peu plus haut sur l'échelle que tout en bas à agir comme un automate sans cerveau. Mon capitaine envie cette étape: celle de tout découvrir. Moi j'envie la sienne, où il sait ce qu'il fait, pourquoi il le fait et a déjà acquis des réflexes qui lui libèrent l'esprit. Comme quoi... Ca me rassure et me met plus à l'aise que Jean me forme. Je fais mon possible pour assimiler les choses le plus vite et le plus correctement possible.


La blague du jour: nous n'avions pas vu qu'un hublot de notre cabine était mal fermé. Du coup, il y avait de l'eau partout sur les chaussures et... baptême de mon ordinateur. Heureusement, il n'a rien. Il faut croire que mes appareils éprouvent une attirance malsaine pour l'eau de mer...


La navigation du lendemain se déroulait magnifiquement bien, plus calme que la première, lorsque le couperet tombe: nous devons rentrer fin du mois, car il y a de sérieux soucis dans la boite qu'il nous faut régler d'urgence. Le même soir, Jean reçoit son lot de mauvaises nouvelles, lui aussi. Heureusement que le cocktail du soir adoucit quelque peu l'humeur.


Nous nous mettons tout de suite à la recherche d'une solution pour mettre le bateau au sec pendant 3 mois (3 mois! Ca paraît hyper long!!). Ca me donne l'impression qu'à chaque fois qu'on est prêt à partir, il nous faut rester un peu plus longtemps sur place. C'est un peu comme cet escalator qu'on prend à l'envers. On a l'impression d'avancer, mais on fait du sur place. Alors que nous venons enfin de nous installer, il faut quitter notre maison flottante. Avec des pieds de plomb. Mais nous sommes lucides: si l'entreprise va mal, c'est notre projet qui va mal aussi. Il faut régler les priorités pour pouvoir repartir tranquilles. Hauts les coeurs!


Nous naviguons encore les 2 après-midi qui suivent, toujours au large de Saint-Tropez. Il fait sublime. Et au grand bonheur du capitaine, nous prenons une bouée dans une petite crique tranquille, ce qui lui permet de nager et de batifoler sous le bateau. Les couleurs du fond de l'eau sont saisissantes: le fond est en grande partie noir, à cause de la posidonie qui y pousse. Lorsque c'est du sable, le fond est turquoise et il vire au vert bouteille lorsqu'il s'agit de rochers. Ce soir-là, mon capitaine rentrera au port vêtu de son kimono et de son tricorne de pirate. Un mélange de Jack Sparrow et du dernier samouraï...



Le 16 mai, la brume plongera toute la baie dans une sorte d'ouate humide et chaude. Nous resterons au port 2 jours. Nous retournerons sur l'eau encore quelques après-midis. Mes réflexes s'améliorent, je commence à mieux saisir les choses et à déstresser un peu.


Le 20 mai, nous recevons le sticker à coller sur notre annexe, qui l'identifiera. Je m'en occupe et le résultat est top. La journée sera très chaude. Il fait déjà 26° à 9h30... Les hommes briquent l'inox du bateau pendant ce temps-là. Nous profitons de cette dernière journée pour une dernière belle navigation. Nous devrons pourtant rallumer le moteur pour les derniers miles du retour, car le vent a disparu.


Après le resto, nous devons encore dégréer le génois. Quelle affaire! L'avant du bateau ressemble à une meringue géante. A trois, nous avons réussi à replier la voile avant à peu près correctement et même de la remettre dans sa housse.


Cette dernière action nous rappelle notre départ deux jours plus tard, en même temps que Jean. Je repousse cette pensée pour la remplacer par le plaisir anticipé de passer encore une belle journée sur l'eau, dans la crique, au calme. Car le lendemain, il y a course de jetskis... Youpi... Du bruit, de la foule, une canicule. Cocktail parfait pour nous pousser loin de la marina de Cogolin pour la journée.


Nous sautons du lit au lever du jour et nous empressons d'aller chercher le petit déjeuner. Il n'est pas 9h et il fait déjà super chaud. Nous voyons les jetskis se rassembler près de la plage. Je suis étonnée de leur discrétion. Ils arrivent pas petits groupes de 3 ou 4, à très basse vitesse, pour ne pas déranger. J'apprécie.

A peine rentrés, nous mettons le moteur en route et préparons le bateau pour partir. Jean est réveillé par notre remue-ménage et saute dans un short pour nous aider. Il devra attendre un peu pour avoir son premier café du matin et être tout à fait réveillé.


Pendant que Jean et moi finissons de préparer le bateau, mon capitaine va rechercher notre annexe, qui devra monter sur le bateau. Nous démarrons tout doucement le bateau et sortons de la marina. Un peu plus tard, nous voyons le capitaine à la barre de notre fidèle Dragoléon, portant fièrement les couleurs de Là-bas. Une fois au cul du bateau, nous récupérons l'homme et fixons une amarre à la barquette, qui nous suit gentiment.


Sans génois à poste, nous faisons confiance à la brise diesel pour nous emmener dans notre petite crique préférée. Comme il est tôt, nous avons le choix des bouées. Comme la première fois, nous nous cachons à la pointe du petit cimetière à côté de Saint-Tropez, en face de la plage.


Cette fois, nous avons un peu modifié la technique pour attraper la bouée avec la gaffe magique. Elle est magique, parce que sa boucle se "ferme" toute seule, tout en faisant passer le bout dans la boucle métallique de la bouée. C'est un peu plus difficile à manipuler que je ne le pensais, mais avec un peu de pratique, ça ira tout seul. Cette fois, nous avons choisi un bout plus fin, donc plus léger pour moi. Au troisième essai, le bateau est amarré. Ca y est, nous pouvons enfin déjeuner tranquillement.


Tant qu'à avoir l'annexe sous la main, nous allons faire un tour dans la crique. Grâce au fond quasi plat de l'annexe, nous pouvons aller très près des côtes. C'est splendide. Seul le bruit du moteur gâche un peu le plaisir.


La journée alterne entre siestes, lectures, plongeons (pas pour moi. L'eau est encore trop froide à mon goût), écriture. Quel plaisir de pouvoir être dehors, sous le nouveau bimini! Lumineux et frais, juste parfait. Nous profitons de ces derniers moments sur l'eau. L'annexe est remontée et fixée à l'avant du bateau en fin de journée et nous revenons à la marina. Nous aurons passé une excellente journée.


Le lendemain matin, nous déposons Jean pour 9h à son point de rendez-vous blablacar. Comme il n'a pas trouvé une seule place de train, il a dû se rabattre sur cette alternative. Je souris, car j'ai l'impression de déposer mon fils pour son départ en colonie de vacances. Nous revenons ensuite au bateau, que nous préparons pour notre absence prolongée. Les préparatifs se font plutôt dans une ambiance "je veux pas y aller". Mais il faut ce qu'il faut. Nous quittons Là-bas à regret, lui promettant de revenir très vite (oui je sais. Parler à son bateau, ça peut paraître un peu ridicule. Le plus drôle serait qu'il nous réponde!).





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