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Mai 2022

Updated: Oct 17, 2022



Après une semaine professionnelle intensive, nous sommes parvenus à trouver une solution au grave problème technique dans ma boite, et c'est le cœur léger que nous reprenons la route vers le Sud.


Nous retrouvons le bateau, dont le chantier finalise l'entretien moteur.

Et nous retrouvons Jean, notre skipper formateur toujours aussi sympa.


Le lendemain nous larguons les amarres, cap sur Hyères, pour l'installation finale de la grand voile, du lazy bag et du bimini.


Hyères est encore une de ces marinas qui fonctionne au copinage. Quand je sollicite moi-même une place pour la nuit pour mon voilier, tout est complet. Mais quand je passe par mon fournisseur de voiles, une place se libère miraculeusement... No comment.

Comme rien n'est jamais simple, ils ont dû faire une grosse erreur de mesure : le lazy bag est beaucoup trop grand.

Nous resterons une nuit de plus à Hyères, le temps de faire corriger l'erreur, et le bateau est enfin prêt pour sa première navigation sous voiles.


Aussi dingue que ça puisse paraître, depuis 10 mois que nous sommes les heureux propriétaires de Là-Bas, nous n'avons encore jamais pu naviguer à la voile, pour tout un tas de petites raisons techniques.

Et forcément, maintenant que nous avons des voiles, le vent a totalement disparu pour la journée...

Ça me rappelle un dicton de marin : en Méditerranée, il y a trop peu de vent, ou trop, mais de toute façon il est dans le nez !

Nous prenons notre mal en patience, et nous consacrons la journée à l'entretien du bateau et de son matériel. Au total, nous avons découvert une dizaine de gilets de sauvetage. Comme ils datent un peu, nous les gonflons tous pour tester leur étanchéité avant de changer les cartouches de gaz pour le gonflage automatique. Un seul ne passera pas ce test d'étanchéité. Vu qu'il va de toute façon finir à la poubelle, j'en profite pour le tester en conditions réelles : je l'enfile et je me jette à l'eau. Il se gonfle parfaitement, malgré la cartouche périmée. C'est rassurant pour les autres gilets...et nos futurs invités.

Aujourd'hui c'est le grand jour. Nous sortons du port. Nous hissons la grand-voile, et nous déroulons le génois.

Et nous coupons le moteur ! Le silence. Enfin.


Là-Bas file au grand largue (vent 3/4 arrière). Les voiles sont très impressionnantes. 140m2 de puissance pure. Sur le pont avant, entre la grand voile et le génois, j'ai l'impression d'être dans une cathédrale de toile.

Et ce n'est pas une exagération, la toile monte à 22m au-dessus de l'eau ; ce qui est beaucoup plus haut que le plafond de la plupart des églises...

Le vent monte à 15 nœuds et Là-Bas s'envole à 9 nœuds, avec une facilité déconcertante pour un bateau prévu pour la croisière.

Pour donner un point de référence, 10 nœuds représentent un peu le graal pour un monocoque de croisière. Un peu comme 200km/h pour les voitures familiales.

Je suis vraiment étonné de la facilité avec laquelle Là-bas atteint cette vitesse, par mer plate certes, mais sans beaucoup de vent, sans spi, et sans Gennaker.

Le Spi et le Gennaker sont les superbes énormes voiles colorées que vous voyez parfois à l'avant d'un voilier.

Avantages : ce sont des voiles superbes au tissu plus léger, qui nécessitent donc moins de vent pour se gonfler. Et ce sont des voiles beaucoup plus grandes, donc beaucoup plus puissantes. Une sorte de turbo pour voilier...

Inconvénients : elles ne peuvent être utilisées que par vent arrière (ou quasi). Elles sont plus fragiles et ne peuvent pas être utilisées si le vent dépasse 20 noeuds. Elles sont souvent chères et elles peuvent être particulièrement complexes à manier, au vu de leur taille démesurée.

Vu que nous naviguerons la plupart du temps à deux, nous avons fait l'impasse sur le spi. Trop complexe à manœuvrer en équipage réduit.

Nous nous sommes rabattus sur un Code D, une sorte de super Gennaker. Il fera passer notre superficie de voiles à 200m2. De la dynamite à manier avec précaution.

Au prix de moultes joutes verbales, de manipulations plus ou moins grossières, et d'une solide dose de mauvaise foi, j'ai fini par convaincre le P'tit Chat : le Code D sera orange vif !

Il sera livré et installé fin août. J'en trépigne déjà d'impatience.

Pendant que je trépigne, Là-Bas file tant que le vent le lui permet. Jusqu'à la pétole en fait. Le vent est tombé brutalement. Plus rien. Qui a débranché le ventilateur !?


Mer d'huile qui me permettra de prendre une photo qui me plaît beaucoup. Elle reflète parfaitement cette fin de journée.

Nous rejoindrons Cogolin grâce à la brise Diesel... moins poétique, mais parfois nécessaire.

La pétole durera 2 jours. Une fois encore, nous prenons notre mal en patience et nous passons en mode entretien/réparation. Et les chantiers ne manquent pas.


Au menu, nous vous proposons ;

En entrée, Electricité : recablage complet des pompes de cales sur son meli-melo de câbles.

En plat de résistance, Menuiserie : reconstruction complète de l'intérieur des coffres arrières, au vin de jurons et autres anathèmes.

En dessert, Plomberie : réparation du système d'adoucisseur d'eau, farandole de joints, et fuites en folie

Excellent restaurant. Je recommande. Même si parfois l'addition reste salée (humour de marin...). J'ai fait un petit AVC quand j'ai vu le prix du mètre de câble électrique: 13€ !!! Un petit 400 balles pour notre nouvelle rallonge faite maison...


Je rigole, mais en fait c'est ce dont je suis le plus fier pour le moment, dans le cadre de ce projet : mes progrès en matière de bricolage. J'ai toujours été considéré comme un bras cassé, et je me suis également toujours considéré comme tel. Mais là, je suis forcé de m'y mettre et je progresse à toute vitesse. Avec un certain plaisir. Je ne sais pas si le plaisir vient du bricolage lui-même ou de la sensation de progresser, mais ça me rassure quand même pour le reste du projet.

Quand le vent décide enfin de nous revenir, nous consacrons nos journées à l'entraînement intensif. Nous enchaînons les manoeuvres jusqu'à les automatiser : hisser et affaler les voiles, virement de bord, empannage, réglage des voiles, prise de ris, prise de coffre, manoeuvres de port... Le P'tit Chat découvre tout. Pour ma part, le challenge est plutôt d'adapter mes connaissances et mon expérience à ce bateau beaucoup plus grand, plus puissant et plus moderne.

Nous sillonnons les alentours de la baie de Saint Tropez, en nous mesurant à tout ce qui porte une voile.

Ha oui, parce qu'il y a une grande règle de la navigation à voile : quand deux voiliers font plus au moins le même cap, et sont en vue l'un de l'autre, ça se transforme inévitablement en régate.

Le scénario est toujours le même.

Le capitaine Van den Zivereir est à la barre. Tranquillou... Il rêvasse en contemplant les flots dont le bleu se confond avec le ciel. Oui, le capitaine est poète à ses heures. D'ailleurs c'est bientôt l'heure de l'apéro, ce qui réjouit le capitaine. Le navire paresse sur les flots. Le loch (qui indique la vitesse du bateau) indique 7 noeuds.

Tiens, un autre voilier. Joli bateau, pense le capitaine. L'autre voilier abat un peu (il s'éloigne du vent) et adopte une route parallèle. Un petit coup d'œil à l'écran du plotter pour vérifier que nous ne sommes pas en trajectoire de collision. Le capitaine en profite pour jeter l'autre œil aux informations relatives à cette nouvelle rencontre. C'est magnifique cette technologie : en une seconde le capitaine apprend le nom du bateau "adverse", sa taille, son tirant d'eau, sa vitesse...

Sa vitesse. 7,5 noeuds. Diantre, se dit le capitaine Van den Zievereir, il est plus rapide. Je vais peaufiner un peu le réglage des voiles. Et que je tire sur cette écoute, et que je durcisse un peu le hale-bas. Voiiiiilà... 8 noeuds. C'est quand même plus acceptable.

Sur l'autre voilier, l'admiral JolyGood met quelques minutes à constater qu'il se fait distancer. Il pose son Gin Tonic et commence à s'agiter aussi. Avec succès. Son fier esquif file maintenant à 8,5 noeuds.

Haaaa mais ça ne va pas se passer comme ça ! Branle bas de combat ! Souquez les artimuses! Drissez les esquabêches ! (cherchez pas, ça ne veut absolument rien dire)

Le capitaine a pris le mors aux dents. Dans sa tête, c'est le Vendée Globe, sur fond de musique de Pirate des Caraïbes. La gîte augmente considérablement. Toute notion de confort de son équipage est oblitérée. Madame s'accroche comme elle peut. A l'intérieur du bateau, tout ce qui n'est pas parfaitement rangé valdingue, sur la cloison tribord qui devient le nouveau sol. Le vent siffle dans les haubans. Le sillage du bateau se fait plus puissant.

Toute ressemblance de cette histoire avec des faits réels est purement fortuite, à moins qu'elle ne soit la preuve définitive que j'ai 10 ans dans ma tête...



A ce petit jeu, Là-Bas est de nouveau étonnamment performant, et nous atteindrons facilement ce graal des 10 nœuds, corrigeant ainsi au passage quelques impudents...

Malheureusement, il est déjà l'heure d'arrêter de jouer : ma boîte souffre de plus en plus de la crise post-Covid et de l'incroyable pénurie de ressources humaines qui s'ensuit. Le marché panique. Nos ingénieurs sont contactés tous les jours par des chasseurs de tête qui leur présentent des offres mirobolantes. Un ingénieur cède aux sirènes, puis un autre, et un autre... Au total, c'est 20% de l'équipe technique que nous perdons en une semaine.

De capitaine de voilier à capitaine de PME, il n'y a qu'un pas. Il est grand temps de contre-attaquer. Nous rentrons (de nouveau) en urgence.

Initialement, nous avions déjà prévu de rentrer en juillet-août, pour éviter cette horreur qu'est la saison touristique en Méditerranée. Nous y ajouterons le mois de juin... *soupir*

Là-bas sera remis au sec. Idéal pour ne pas à avoir à s'en inquiéter. Et ça nous permettra de faire faire quelques derniers travaux en prime.

J'ai presque envie de chialer sur la route du retour.


Mais il faut ce qu'il faut...Et que sont trois mois face à l'ampleur de notre projet ?



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