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Mai 2023 côté Monsieur

Updated: Aug 24, 2023


Ibiza côte Est

Après avoir écumé toutes nos bonnes adresses à Cartagena, nous mettons les voiles vers Santa Pola, un peu plus au nord le long de la côte.



De Santa Pola à Formentera

La mer est belle et le vent modéré nous vient par le travers (à 90°) : notre voilier adore cette configuration. On file à 9 nœuds, tout en confort. Dans le jargon, c’est ce qu’on appelle de la navigation champagne ! Et après une délicieuse journée de traversée, nous arrivons à la marina de Santa Pola.


Mais juste à la sortie du ponton, ne voilà-t’y pas qu’on tombe sur un Burger King ! Si c’est pas de la provocation, ça !?

Nous digérerons la gastronomie locale devant un splendide coucher de soleil.

Le lendemain, nous partons explorer Santa Pola : bon… pas de quoi se gratter. Un peu vieillot. Un peu moche. Pas vraiment d’ambiance. Pas grand-chose à se mettre sous la dent, à part un castel bien rénové qui abrite une chouette expo décrivant l’histoire de cette partie de la méditerranée.

Du coup, on ne va pas trop s’attarder. Les Baléares nous appellent !

On aurait aimé faire une étape sur la minuscule île de Tabarca, au large de Santa Pola, mais au vu de la noria infernale de navettes qui y crachent leur flot ininterrompu de touristes, nous nous contenterons d’y faire une courte halte baignade. On en profite pour gratter un peu la coque. Au grand plaisir d’une nuée de petits poissons, qui se régalent des morceaux d’algues arrachés à la coque.


On attend 15 h pour lever l’ancre, direction les Baléares. Longue de 100 miles (180 km), la traversée devrait durer 16 h. Si nous partons avant 15 h, nous risquons donc d’arriver avant le lever du soleil, ce qui n’est pas idéal pour la sécurité : toujours dangereux d’accoster de nuit en terre inconnue.

TiChat est d’ailleurs un peu stressée à l’idée de cette première navigation nocturne, et surtout de son premier quart en « solo », quand j’irai dormir. Pour la rassurer, on met en place un protocole simple : au moindre doute, elle me réveille.


Première nuit en solo, entre Santa Pola et Formentera

Belle traversée. Notre première nuit de navigation en couple « solo » se passe sans histoire. TiChat a géré comme une bonne graine de cap'tain !

Le vent nous aura juste abandonnés pour les 2 dernières heures et c’est au moteur que nous atteignons Formentera, une petite île à 2 h au SE d’Ibiza.

Nous jetons l’ancre vers 9 h dans la Cala Saona : une splendide crique entourée de falaises ocre, avec une petite plage bien planquée.

Mais cette carte postale devra attendre quelques heures : il est l’heure de la sieste matinale pour récupérer de notre demi-nuit.

Nous passerons l’après-midi à barboter avec délectation dans les eaux turquoise de cette baie. En fin de journée, nous accosterons sur la plage pour un cocktail au bar d’un petit hôtel bien camouflé derrière la plage.

L’hôtel vient de rouvrir le jour même, et le personnel est tellement sympa que je décide de nous y offrir une nuit. Quel contraste, ce luxe après 1 mois sur le bateau !

La décision est prise. Nous nous offrirons régulièrement une nuit d’hôtel pour changer le rythme.

Il faut dire que tout n’est pas toujours rose quand on vit sur un voilier : le niveau de confort est beaucoup moins élevé que le standard occidental. On subit la météo de plein fouet. L’énergie et l’eau sont mesurées. On est toujours « en alerte » : difficile d’être insouciant. La gîte et la houle sont incessantes.

Un petit break de temps en temps nous paraît indispensable pour s’inscrire dans la durée.

Et nous retrouvons le bateau avec d’autant plus de plaisir.


Formentera

Les jours suivants seront consacrés à l’exploration de Formentera : quelle île fantastique !!! Le temps semble s’y être arrêté. J’ai l’impression d’être sur la Côte d’Azur des 60s-70s.

Pas de tourisme de masse. Aucun bâtiment de plus de 3 étages. On visite Formentera en vélo ou en scooter. Les villages sont adorables et ont gardé leur âme. Les paysages sont variés : entre marais salants et pinèdes qui embaument l’air chaud, les cigales font chanter ce petit paradis.

Pour nous protéger d’un coup de vent, nous ferons le tour de l’île pour nous ancrer à l’abri d’une falaise. Nous en profiterons pour découvrir, depuis la mer, les caps et les phares que nous avons visités en mode terrien il y a quelques jours.

Formentera rejoint intantanément le groupe de mes endroits préférés sur terre, entre lesquels je serais bien incapable de choisir (et pourquoi choisir d’ailleurs ?) : les Caraïbes, les Highlands, la Toscane et le Pays basque.

Bon, mais si nous voulons explorer le reste des Baléares avant le début de la saison touristique (vers le 15 juin), nous devons malheureusement songer à lever l’ancre.

C’est donc avec regret que nous nous éloignons de Formentera, pour un saut de puce vers Ibiza.

Nous avions déjà arpenté le côté ouest d’Ibiza l’année dernière : nous nous dirigeons donc vers l’est de l’île. Il nous faut une place de port, parce que le niveau des batteries est fort bas, après 6 jours de « camping sauvage » dans les criques de Formentera. Vivement que les panneaux solaires soient installés pour nous rendre plus autonomes... Mais bon un peu de confort "terrien" ne fera pas de tort : machines à laver, poubelles, ...


La marina de Santa Eularia sera notre camp de base pour les jours à venir. Très agréable marina, personnel super sympa, et très accueillante petite station balnéaire.

On ne change pas une équipe qui gagne : location d’un scooter et c’est parti mon kiki ! Nous sillonnerons tout l’est d’Ibiza en quelques jours.

Et c’est une excellente surprise. Bien plus authentique que l’ouest d’Ibiza, pourtant à peine distant de 60 km. On retrouve certaines composantes de Formentera : villages authentiques, pinèdes odorantes, cigales… Mais avec un relief beaucoup plus prononcé, ce qui donne à cette région son caractère propre, et une autre ambiance. Nous n’avons pas du tout l’impression de redite.

Nous escaladons les montagnes et dégringolons vers des criques d’une beauté à couper le souffle.

On nous recommande un petit restaurant dans un trou paumé et j’y mangerai la meilleure paëlla de ma vie.

C’est avec des étoiles plein les yeux que nous rentrons tous les soirs à la marina. Notre fidèle Là-bas nous y attend sagement, et on a presque envie de lui raconter nos aventures de la journée.

Je profite de cette semaine pour résoudre définitivement un problème de batteries. Avec l’aide, à distance, d’un groupe de propriétaires du même type de bateau, j’identifie une erreur de l’électricien qui a installé mes batteries. Je la corrige et tout refonctionne comme il faut ! Fier de moi.

Les séjours en marina sont également propices au travail « professionnel » : internet et électricité à volonté. Nous partageons donc nos journées entre boulot et exploration. Quel rythme de vie agréable !

Après cette semaine sur Ibiza, nous sommes curieux de découvrir Majorque. Et la météo annonce le vent parfait pour cette petite traversée de 8 h.

Bon ben la météo s’est solidement plantée sur tous les paramètres : force ET direction du vent. Bravo ! Du coup, après 2 h de navigation idéale, le vent nous a abandonnés et nous avons terminé au moteur. Une fois encore... Ça devient une habitude désagréable.

Au vu du prix prohibitif demandé par les marinas de Palma de Majorque, nous changeons de stratégie et nous optons pour le port d’Andratx, 20 km plus à l’ouest.

Ce petit port nous surprendra par la diversité et la qualité de ses restos en bord de mer. Du coup, le budget resto va exploser cette semaine... Même pas honte. A notre grande surprise, la Marina dispose d'une chouette piscine d’eau de mer, idéale pour bosser agréablement. Même pas honte non plus.

Notre choix d’une marina à tarif raisonnable se transforme en fait en un excellent choix, et nous passerons une semaine bien plaisante, alternant comme d’habitude entre le boulot et exploration de l’île.

Un petit coup de taxi et nous sommes à Palma. Quelle vieille ville fantastique ! Et que dire de leur cathédrale totalement disproportionnée ! Ce bâtiment est gigantesque ! Une visite s’impose, que nous ne regretterons pas : elle se termine en apothéose par une montée sur les toits, avec une vue imprenable sur toute la cité et sa baie. Inoubliable.

Tout aussi mémorable, notre balade en scooter le long de la côte ouest encore plus montagneuse qu’Ibiza. C’est sans conteste la plus belle route que j’aie empruntée, et pourtant j’ai sillonné les routes d’Europe en moto pendant des années.




Les paysages à couper le souffle se succèdent au fil des virages. On n’y croit pas. Nous visiterons également plusieurs villages tout en pentes, parfaitement authentiques.

Nous repérons une petite route qui semble dégringoler vers la mer. Je subodore la toute belle récompense au bout du chemin. Mais il faudra la mériter. 40 (!) virages en épingle plus tard, nous atteignons un minuscule village dont l’ocre se jette directement dans les vagues, dessinant un contraste improbable avec les turquoises marines (oui je me sens d’humeur poète…).

Et le retour par l’intérieur des terres, au soir tombant, entre oliviers et champs de blé, sera de la même veine. Quelle journée !

Il faudra vraiment revenir 2-3 mois dans les Baléares pour compléter notre exploration. C’est tellement riche que ces quelques semaines ne suffiront pas.

Nous profitons des infrastructures du port pour sortir le bateau de l’eau pour une petite inspection : RAS. Un coup de Karcher et on est de retour à l’eau en 30 minutes.

Pendant ce temps, TiChat en profite pour refaire sa teinture rousse, mais la coiffeuse lui fait les sourcils trop foncés. La couleur s’estompera en quelques jours, mais on va rigoler un bon moment avec ça.


Pendant qu’on rigole, une fenêtre météo idéale se dessine pour une escapade à Barcelona ! Une petite étape par un petit port de la côte ouest de Marjorque, et nous voici en route pour une traversée de 100 miles (180 km), soit 15-16h.

Fantastique navigation pour moi : 20 noeuds de vent, mer formée avec des creux de 2 m. Le bateau file comme une locomotive à 9 noeuds de moyenne, et fend les vagues avec puissance. Ambiance Vendée Globe à bord. J’adore !

Par contre, pour TiChat c’est pas la même béchamel… Elle est malade comme un chien, ce qui est un comble ! La pauvre n’a jamais été en si piteux état sur le voilier. Elle passera les 3/4 du trajet nauséeuse et comateuse, terrée au fond de son sac de couchage. Son fidèle seau bleu sera mis à contribution 4 fois sur la traversée…

Zéro fun pour elle, et beaucoup de culpabilité pour moi. J’y vois la fin prématurée de notre projet : je ne peux décemment pas lui infliger ça à intervalles réguliers. Rien que d’y penser, ça me fout le moral à zéro. Pourtant, ici et aujourd’hui, je n’aperçois pas d’autre mode de vie qui pourrait me rendre heureux…

Heureusement que le vent se renforce un peu. Ça m’occupe, et ça m’empêche de gamberger: gérer un bateau de 17 m en solitaire, c’est un boulot à temps plein…

La bonne nouvelle, c’est qu’à force de filer comme le vent, nous avons raccourci la durée de la traversée à 12 h. Le cauchemar du TiChat en sera plus court.



La mauvaise nouvelle, c’est que nous arrivons en pleine nuit. Et que l’accès à la marina est barré par un pont qui ne se lève qu’à partir de 7 h 30.

Qu’à cela ne tienne ! Nous dénichons l’endroit idéal pour un atterrissage de nuit : juste en face de l’aéroport… Dieu que nous sommes comiques !

Petit stress parce que d’après la carte, nous sommes proches d’une jetée non éclairée, qui s’avance de 300 m dans la mer, et… impossible de la repérer malgré nos projecteurs. Je manœuvre en me fiant au GPS, doublé de la veille exercée par TiChat qui fait figure de proue avec son spot. L’ancre est mise à l’eau, et c’est dodo pour tout le monde !

Le lendemain, direction Port Vell, la marina historique de Barcelone. Mais d’abord, il faut slalomer entre les porte-containers gigantesques qui sortent du port de commerce de Barcelone. Toujours stressant de côtoyer ces géants…

Grand moment, cette entrée dans la marina de Barcelone. J’en rêve depuis ma première visite catalane, il y a une trentaine d’années… Nous patientons dans le bassin, le temps que le pont se lève (toutes les 30′). Le pont s’ouvre, et j’entre comme dans un rêve à Port Vell. Une manœuvre plus tard, et nous sommes amarrés au cœur de Barcelone, juste au pied de la Rambla. Je n’en reviens pas…

Fuyant les pièges à touristes, nous y passerons une semaine parfaite, faite de découvertes, de tapas cuisinés dans d’improbables bars, de visites de musées, de rencontres et de dizaines de km à pied…

Mais aujourd’hui, c’est l’anniversaire du TiChat. On débute la journée par un brunch mémorable dans une des meilleures adresses de Barcelone pour cette discipline olympique (le Milk Bar, voir notre carnet d’adresses), et nous la finirons par un concert exceptionnel : la 9e symphonie de Beethoven, dans le Palau de la Música Catalana. Juste grandiose. Encore une journée inoubliable…

Toujours difficile de quitter Barcelone, mais nous devons rentrer pour une dizaine de jours : obligations professionnelles obligent. Le temps d’amarrer le bateau dans une marina au tarif plus abordable, et nous décollons, direction le Nord.




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