Arrivée début octobre dans notre port d'hivernage, comme prévu.
La Marina del Este est un joli petit port bien tenu. Par contre, il est très isolé de tout, élément que nous n'avions pas pris en compte lors de la sélection de notre port d'hivernage. Les deux minuscules magasins alimentaires ne suffisent pas et les restaurants ne sont pas excellents. Mon capitaine sera d'accord, lui qui n'a littéralement pas digéré celui de notre premier soir sur place...
J'en profite pour glisser une digression: nous sommes déçus globalement de la nourriture. Le seul endroit où nous avons trouvé de délicieuses tapas était à Carthagène. Depuis, nous voguons de déception en déception, à mesure que les plats frits ou de viande bouillie en sauce défilent devant nous. Heureusement que nous avons une chouette cuisine à bord! Autre fait étrange: une multitude de fruits et légumes est cultivée dans cette région et les grenades, les oranges et les citronniers sont à portée de main partout, même en ville. Pourtant, pas moyen de trouver un jus d'orange frais correct... Même dans les bons hôtels. Trouver un pain mangeable a aussi été laborieux, mais nous avons fini par trouver notre bonheur dans la chaîne de supermarchés Mercadona, ouf!
A présent, revenons-en à nos moutons d'écume: nous avons loué une voiture pour être un autonomes et découvrir l'intérieur des terres, car la côte est massacrée par les hauts buildings et assez moche en fait. Sans oublier l'invasion des Pélagies - ces petites méduses roses, très mignonnes, mais très venimeuses - qui nous privent de baignade. En plus du vent inexistant et d'un loup de mer intoxiqué, pas question de s'éloigner du port. Ces quelques jours d'arrêt nous laissent donc un sentiment mitigé. Ce sont aussi les derniers avant notre retour à Bruxelles pour un gros mois de travail pour l'entreprise.
Nous repartons pour l'Andalousie à la mi-novembre (yeah!).
Nous arrivons à la marina avec nos bagages et des courses pour une dizaine de jours. Ô surprise! La marina n'est pas accessible: une équipe de tournage est en place. Nous nous garons en-dehors, comme demandé et devons nous coltiner tout notre barda 2 fois sur 1 kilomètre. Ô joie... Nous n'avons par ailleurs reçu aucune notification... Bravo les gestionnaires de la marina!
Si au début, c'était une expérience rigolote et inattendue, nous prendrons nos clics et nos clacs après après 3 jours gâchés par un contrôle sur nos allers et venues, un camion-générateur parqué juste devant le bateau, des spots aveuglants la nuit, des "patientez un peu", "non! ne passez pas là!" etc. Qu'à cela ne tienne, nous en profiterons pour découvrir la Sierra Nevada.
Nous commençons par las Alpujarras et ses pueblos blancos (les villages blancs). Nous nous promenons quelques heures dans Bubion et dormons dans un hôtel incroyable près de Trevelez, construit sur un à pic rocheux. Le personnel était adorable et j'ai eu l'impression d'être une cousine qu'on n'avait pas vue depuis longtemps. J'ai rarement pu voir autant d'étoiles sur terre dans un tel silence. C'était presque comme un quart de nuit calme sur Là-bas. Le matin, nous avons été réveillés par les cloches des chèvres, paissant quelque part dans la montagne.
Nous continuons notre route vers le désert Gorafe et nous passons la nuit dans un endroit encore plus dingue: une petite cabane tout en verre qui surplombe le désert. La vue était incroyable, le silence total et l'humanité absente. Nos plus proches voisins était une famille de chamois... What else pour un couple de misanthropes? ^^ La nuit claire a laissé danser ses millions d'étoiles. C'était magique.
Enfin, nous arrivons à Grenade, une de mes villes préférées au monde. Je n'y étais pas venue depuis 10 ans et j'ai retrouvé cette atmosphère que j'aimais tant: ce mélange de fierté, de culture, de beauté, de sérénité. Après de longues promenades le long de ces vestiges du passé toujours en vie, nous avons visité l'Alhambra avec un guide privé (Je ne vous ferai pas l'affront de publier de mauvaises photos, vous trouverez bien mieux sur internet). Ce lieu inspirant nous a été expliqué en long en large en travers à travers l'histoire, la politique, les religions. Quatre heures de pur bonheur et de mal aux pieds. La sieste qui a suivi était juste divine. Nous avons aussi assisté à un spectacle de flamenco et visité le musée de Sacromonte, et ses grottes toujours habitées aujourd'hui. Nous repartons vers la marina avec des étoiles dans les yeux.
Nous sommes ravis de retrouver notre beau bateau et les lieux à nouveau tranquilles. Nous profitons de magnifiques couchers de soleil sur la plage de la Herradura et avons plongé avec un instructeur à la Punta de la Mona. C'était ma toute première sortie en mer et à une profondeur de 21 mètres! J'avais un peu peur en apprenant que l'eau était à 14°, mais équipée d'un combi courte sous une longue combi de 7mm d'épaisseur, c'était confortable.
Nous avons aussi tenté une sortie en mer. Les prévisions météo se sont complètement plantées (Modèle météo AROME, où es-tu??)... Nous avons eu droit à des rafales de 30 noeuds sur un fond de vent presque inexistant. Notre pilote automatique, aka Jean-Lou, a encore fait des caprices. Et nous avons découvert que le taquet contrôlant l'écoute de grand voile ne bloquait rien du tout, même fermé... Embêtant lorsqu'on sait que c'est le bout (cordage) quasi le plus important à tenir à l'oeil...
A côté de ces contrôles, cela nous a permis de nous remettre dans le bain, de refaire certains exercices et de vérifier que les connaissances sont toujours là. J'étais satisfaite de moi-même et de notre travail d'équipe. Il y a bien sûr encore des choses à affiner, mais dans l'ensemble, cela se confirme: notre tandem marche bien. J'avoue tout de même que ces quelques heures étaient très stressantes et que j'étais soulagée de retrouver notre bonne vieille place de port.
Nous aurons passé quelques semaines riches en bonheur, en curiosités, en inspiration. Nous sommes un peu déçus de devoir rentrer à nouveau à Bruxelles, comme toujours. Mais nous savons que c'est temporaire et que nous retournerons bientôt en Andalousie, sur notre fidèle Là-bas.
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