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Septembre 2021

Updated: Mar 19, 2022



Là-bas


5 septembre, bon ben. Voilà. C'est officiel. ON A UN BATEAU! Après avoir fêté ça, il n'y a plus qu'à fixer la date de chantier pour le mât.


21 septembre, nous repartons pour le sud voir notre bateau. La voiture est pleine comme un oeuf: tout ce qui ne sera plus nécessaire en Belgique est embarqué, en plus de tout ce que nous avons acheté pour le bateau. En voyant ça, je me demande où je vais encore pouvoir caser le pique-nique et mon sac à main... Nous sommes impatients de pouvoir passer la première nuit sur NOTRE bateau.


22 septembre, nous arrivons vers 16h à Port Grimaud. Il fait 25°, l'ambiance est sereine et en attendant le broker, nous passons le temps autour d'un petit gin fizz. En France, il faut montrer son pass sanitaire même en terrasse. C'est assez bizarre je dois dire.


Le gin fizz devra s'avaler en deux gorgées car le broker est là dix minutes plus tard. On s'en fout au fond, l'important, c'est de pouvoir s'installer sur NOTRE bateau. Ces deux mots ensemble sonnent encore comme une langue étrangère, mais ce sera bientôt normal.


Nous garons la voiture entre les Ferraris et les Porsches des propriétaires de la partie privée de Port Grimaud. Nous recevons le code pour pénétrer par la petite porte arrière sur le quai. Mot d’ordre: passer comme des voleurs, car le chef de la sécurité habite la maison du coin et que c’est assez mal vu d’aller et venir comme ça dans les jardins des voisins. Mais bon, tout se passe bien durant toute la semaine, ouf!


Nous faisons une dernière fois le tour du bateau avec le broker, qui nous remet les clés. Ca y est! Nous sommes seuls maîtres à bord. Nous vidons quelques affaires essentielles de la voiture, dont la bouteille de champagne... Quel bonheur de fureter de ci, de là, de ranger les vêtements et de faire le lit ! On se sent tout de suite à la maison.


Vers 20h, nous avons bien envie d’une pizza. Nous aurons une table vers 21h, donc nous en profitons pour vraiment déguster un gin fizz. La pizza était excellente. Nous ramenons de quoi manger le lendemain sur le bateau.


Après cette première journée pleine d’émotions, nous nous glissons avec délice dans notre lit. Sauf que vers minuit trente, un bruit nous interpelle : on dirait un coup de canon tiré au loin. Puis 3. Puis au moment de se lever pour voir ce qui se passe, le bruit est plus fort et fait bouger tout le bateau ! Nous montons sur le pont avec nos lampes de poche. Arrivé à la proue, nous entendons un bruit d’eau. Panique! Quelque chose aurait fendu la coque ? Je descends dans la cabine skipper pour l’inspecter : le bruit de l’eau y est très fort, mais il n’y a rien à signaler. La raison de Monsieur prend le dessus : l’eau SORT du bateau et nous avons laissé le bateau branché à quai et va fermer le robinet. Et hop! L’eau ne s’écoule plus.


Nous allons nous recoucher. Nous passons une bonne nuit. Nous apprendrons plus tard que le bruit vient en fait des réservoirs en inox qui se déforment de par leur chargement.


23 septembre, mon loup de mer ramène de délicieux croissants pour le petit-déjeuner, dans le cockpit de NOTRE bateau. Quelle sensation agréable! Je me rends déjà compte que tout sur le bateau est plus long et plus compliqué : monter des choses du carré vers le cockpit ? Oui bien sûr ! Mais avec une seule main, puisque l’autre sert à s’agripper à l’escalier pour ne pas tomber. Donc tout prend au moins 2 fois plus de temps.


Nous mettons la journée à profit pour vider toutes les caches du bateau : nous découvrons du linge de lit et des essuies pour au moins 15 personnes ! C’était un hôtel ou un bateau ?!? Dans le courant de l'après-midi, le bateau ressemble plus à une brocante et on ne s’y retrouve plus entre les anciens brols et les nouveaux que nous avons ramenés.

Nous rencontrons également nos voisins babord de ponton. Tout un poème. L'homme nous accueille avec un Bonjour, je m’appelle X., je suis marin. Nous avons déjà arrêté de l’écouter lorsqu’on a repéré le truc à moteur tout petit et tout plat, ce qu'il appelle son "bateau".


Non seulement il est marin, mais il est aussi "expert", puisque selon lui, nous avons limite acheté une épave: le teck est quand même en mauvais état, rhoooooo il faut un sérieux coup de peinture dis donc, et les voiles sont vieilles, non? etc. Nous répondons poliment. "Oui oui", ça permet de répondre tout et son contraire. C'est notre botte secrète, avec C'est pas faux (Amis de Kaamelott, levez la main!). Même réponse lorsqu'il nous annonce qu'il y a parfois des rafales de plus de 100km/h de mistral et que chaque fois, les bateaux poussent sur leur ponton qui s'abîme. Malgré leurs cris et leurs lamentations, personne ne fait rien dans le port, alors qu'il faudrait un plongeur pour vérifier la stabilité du ponton... Allons bon.


Nous sommes invités à l'apéro le lendemain. Difficile d'y couper. Je me dis que ce sera probablement de la matière intéressante pour créer un personnage de roman (si! si!). En fin de conversation, X. termine tout de même sa phrase: il est un marin... dans l'âme!


Nous terminons la pizza de la veille avec Astérix et Obélix, mission Cléopâtre. Nous nous arrêtons au milieu, car nous sommes crevés. MAIS la nuit sera aussi agitée que la première : cette fois, ce sera un espèce de « Tonk » qui nous tient éveillé. Rien de bien régulier. C’est comme si un animal s’amusait à cogner la coque, ou une grosse branche. Monsieur se lève et va voir, tandis que je m’endors quand même, trop fatiguée. Nous apprendrons plus tard qu’il s’agissait de simples vaguelettes. Quelle surprise sur le coup !


24 septembre, le broker passe avec un technicien qui s’intéresse aux pompes à eau.


Nous continuons entre-temps à sonder les profondeurs du bateau pour nous y faire NOTRE place. Qu’est-ce qu’on en trouve comme vieux bordel !! Dont un aspirateur de table Black&Decker, qui doit charger toute une nuit pour pouvoir aspirer 4 minutes…


Voici l'heure de l'apéritif chez nos voisins X. et Mme Y. C'est en effet très intéressant pour la création de futurs personnages.


Après en avoir encore ri toute la journée, mon loup de mer mitonne sa spécialité de pâtes, que nous dégustons dans des bols devant le reste du film commencé la veille. Dans tout le brol retrouvé et amené, nous n'avons pas d'assiettes creuses...


25 septembre, la journée est chargée : nous passons au CCAS (CPAS local) pour y déposer tous les draps que nous avons sortis du bateau. Nous passons ensuite chez Uship récupérer notre commande et racheter à peu près l’équivalent et enfin, nous partons dans l’intérieur du pays pour acheter une annexe.


Dans notre enthousiasme et notre naïveté, nous pensions que l’annexe serait pliée ou carrément mise en caisse… Que nenni! Le fond est rigide et elle doit rentrer telle quelle (bon un peu dégonflée quand même) dans Grenadine, la citroën C4... L'annexe mesure 2,60m de long (la petite quoi) et dépasse donc d'un bon mètre du coffre.

C’est évidemment dans ce genre de situation que le pire arrive : c’est la seule fois que nous croisons des flics. Heureusement, ils sont "débordés" et ne nous accordent même pas un regard.


L'annexe est déjà baptisée Dragoleon. La mettre à l'eau est déjà toute une aventure, sans parler de la fixation du moteur. C'est notre tout premier tour en annexe, NOTRE annexe, jusqu'au bateau.


Nous la reprenons le soir même pour aller au restaurant, où nous passons un excellent moment. Pour rentrer par contre, nous nous rendons compte que nous n’avons aucune lumière alors que la nuit est tombée... Qu’à cela ne tienne, la créativité, ce n'est pas pour les marins d'eau douce : le téléphone fera l’affaire ! A petite vitesse, nous sommes rentrés, sains et saufs.


C'est notre dernière nuit seuls sur le bateau.


26 septembre, nous récupérons notre skipper professionnel, Jean, à la Seyne-sur-Mer, soit 1h30 de route. Nous la mettons à profit pour faire plus ample connaissance. Le contact passe très bien.


Une fois sur le bateau, nous ne voyons plus que la moitié de Jean: le haut ou le bas, en fonction de l'endroit qu'il explore: cales, coffres, cabines, tout y passe. Le recensement de tous les systèmes, les problèmes et les tests dureront 3 jours.


Nous sommes surpris, car il découvre bien des choses que l’expert n'a pas consignées dans son rapport. Nous nous rendons compte que le travail de ce dernier était finalement plutôt léger. Mais bon, on apprend.


Je commence à me rendre compte véritablement de la quantité de connaissances que va demander le bateau : tous les systèmes demandent une vigilance quasi constante. Il va falloir développer des automatismes, pour détecter les problèmes au plus tôt et les résoudre le plus rapidement possible. Il va falloir être plus rigoureux et agir tout de suite. Il va falloir que je me replonge dans les cours d’électricité, parce que j’ai beaucoup oublié ! les ampères, watt et autres joyeusetés sont redevenus des mystères énoncés dans une langue étrangère. D’un autre côté, je me dis qu’avec la pratique, ça ira. Et puis je ne suis pas seule. Hauts les coeurs ! Nous irons là-bas ! Il faudra que moi aussi, je me plonge au moins une fois dans la montagne de modes d’emploi et de schémas du bateau. Bon, on va commencer par obtenir le permis ^^.


Nous stressons un peu : il a fait beau toute la semaine et la météo sera à nouveau au beau fixe à partir de lundi. Or, demain, c'est le départ des Voiles de Saint-Tropez sous des orages et des rafales à 30 nœuds. Nous n'avons pas le choix, il faut que nous convoyions Là-Bas à la Seyne-sur-Mer, car le chantier est prévu lundi 28.


27 septembre, nous partons vers 10h30. Manœuvrer pour sortir de la place de port n’est vraiment pas évident. Il y a une file monstre à la pompe à essence, donc Jean décide de ne pas s’y arrêter et nous partons tout de suite. Il y a du vent, mais ça va. De plus, nous naviguons au moteur, puisqu’il n’y a pas encore de voiles !


Un peu plus tard, le vent se lève sérieusement. Les hommes ont la tête sous le plancher du carré pour identifier un problème de pompe de cale tandis que je reste dehors, car j’ai un peu le mal de mer. On ajoutera à ce souci la connerie d’avoir 2 chauffe-eaux : un qui fuit et aucun qui fonctionne. Ce qui explique pourquoi nous avons eu de l’eau froide toute la semaine. En bref, tout le système d’eau est à refaire.

L’écran affiche jusqu’à 32 nœuds de vent, des éclairs vrillent le ciel et la pluie tombe par moment. Mais Là-Bas ne se démonte pas et continue d’avancer, comme si de rien n’était, à une moyenne de 8 nœuds, sur autopilote. C’est d’ailleurs assez flippant de voir les 2 barres tourner toutes seules…


Après 8h de traversée, nous arrivons à bon port, littéralement rincés.


Mon meilleur souvenir de la journée est le divin sandwich que me prépare mon loup de mer pendant le voyage.


28 septembre, il n’est pas encore 8h que nous entendons quelqu’un qui frappe à l’entrée du bateau. Ce sont Mathieu et Olivier, qui viennent pour préparer le démâtage… avec plus d’une heure d’avance. Nous nous levons en 4ème vitesse et leur proposons un café. Bon, avec une Bialetti pour 2 tasses expresso et du grain à moudre (littéralement!), il faut un peu de patience. Après une demi-heure, chacun a reçu sa petite tasse.


Pendant que Monsieur et Jean sont au magasin pour acheter un peu de matériel, je m’attelle à quelques tâches administratives. L’électricien rentre dans le bateau vers 10h. Il file tout droit dans notre cabine et en ressort pas même une minute plus tard. « Je vais chercher des outils » me dit-il. Je trouve assez bizarre de venir préparer un démâtage sans outils mais soit, ce n’est pas mon métier. Sauf qu’on ne l’a revu que le lendemain matin.

Jean et moi achetons quelques outils au magasin de bricolage, dont une scie à métaux, car une visse tourne folle. Et c'est le seul outil que nous n'avions pas à disposition ce matin. Et la victoire est mienne au retour, puisque je la fais céder, la coriace!


Pendant ce temps, avec l’aide de Jean, Monsieur réalise son premier diagnostic de panne électrique et remplace l’un des fusibles dans le coffre tribord arrière. Mais quel michmach ! Ca me rappelle la rénovation de ma maison ancienne, mais sur l’eau. Comme quoi, la rénovation est toujours plus longue, plus compliquée et plus chère que ce qui est prévu à la base…


Jean organise une classe de révision pour les nœuds. Nous découvrons que nous sommes plus à l'aise avec le noeud de chaise façon punk. A l'envers quoi. Evidemment, ça me plait.

Nous méritons bien une pizza après cette journée bien remplie.


Ce soir, c’est mistral. En plus de la navette qui vogue trop vite, le bateau se laisse porter gentiment par les vagues. Pourtant, ce n’est rien comparé à nos voisins, qui eux, dansent une vraie gigue.


Demain, c’est le jour du démâtage. Ca nous rend nerveux.


29 septembre, On n’avait jamais vu ça… Je pense que c’est la phrase qui caractérise le mieux Là-bas.


Il faut 8h de traction à 2,5 tonnes de la grue, de pousse, de coups de marteau, de pied de biche, pour que le mât cède. Là-bas ne voulait décidément pas se défaire de lui. A 18h, le grutier nous communiquait très clairement son ras-le-bol, tandis que nous stressons tous de devoir remettre ça au lendemain, car on attend des rafales de tramontane à 30 nœuds minimum. Mathieu et Olivier se grattent la tête en quête d'une solution, après une journée entière à tenter de dégager ce foutu mât. On avait parlé gentiment à Là-bas pourtant. Sans compter sur le fait que Jean doit rentrer ce soir et qu'il est impossible de changer de grue, car celle-ci est tombée en panne... La journée parfaite quoi. Mais après un dernier essai, enfin, le mât se lève, libre. ALLELUIA!


L’explication : mât en alu + pied en inox = différentiel de corrosion tel que c’est comme s’ils ne faisaient qu’un. Heureusement, il n’y a quasi pas de dégât. En tout cas, rien d’irréparable. Quel soulagement lorsque le mât s’est soulevé ! C’est impressionnant. Il est 18h40…


Pour le détail de la journée: au premier essai, je trouvais rigolo d'avoir un bateau aussi têtu que nous. Après le deuxième, on riait déjà moins et on se demandait s’il ne faudrait pas le gréer à poste. Les essais ont dû être interrompus, car la grue était attendue pour un autre job. Le troisième a été très long, tout le monde en avait marre. De plus, comble de la malchance, lorsque tout le monde est en place, c’est la grue qui ne démarre plus ! Il a fallu 2h pour trouver le problème et le régler.


J'admire le sang-froid et le calme d'Olivier et Mathieu. Ils n’ont rien fait d’extrême ou d’irréfléchi. Ils ont pris leur temps pour résoudre les problèmes et y sont parvenus. Et Jean aussi, malgré son désir de retourner chez lui le plus tôt possible.


C'est impressionnant de voir le mât couché. Cela nous permet de clairement voir la fissure dans galhauban, à l'origine de toute cette aventure. Après un court examen du mât, il est clair qu’un ponçage et une couche de peinture intégrale s’impose.


Cela nous reste un peu sur l'estomac, car le broker nous avait parlé de « seulement quelques tâches de rouille». Cela démontre une nouvelle fois que nous sommes encore bien naïfs. Si nous devons racheter un autre bateau dans le futur, nous avons bien appris la leçon.

En fin de journée, j’ai la tête comme un seau : entre les bruits de coups de marteau, de meleuse, les camions, les grues, qui font un bruit du tonnerre et en même temps, j’ai l’impression d’être chez le dentiste. Le plus frustrant a été de devoir regarder travailler les gars, car nous n’étions pas en mesure de les aider. Pour son propre bateau, rester les bras ballants n’est pas une chouette sensation. Pour compenser, Monsieur a acheté des chaussures (C'est ma femme. Elle est belle hein!)...


Durant la journée, je m’ennuie et en même temps, je n’arrive pas à me concentrer sur quoi que ce soit. Je me sens pataude comme un chiot qui marche sur ses oreilles. Je suppose que mon loup de mer a raison : rien de tel pour se sentir con(ne) que le golf ou la voile… Je ne comprends pas toujours tout de suite ce qu’on attend de moi, ce que je dois faire. Je sais que ça va venir avec la pratique, mais c’est frustrant.


Je souris intérieurement en observant Monsieur qui tente d’expliquer des choses à Jean ou de le convaincre, alors que Jean est un homme des mers depuis quasi 20 ans. Jean est probablement aussi un 8. Deux décideurs à bord, c’est parfois un peu compliqué, même si mon capitaine laisse le dernier mot à Jean en ce qui concerne les décisions à prendre par rapport au bateau.


Je me rends compte que je dois apprendre à faire confiance à mon instinct et à dire les choses. Par exemple : la scie à métaux. C’est con, mais c’était utile, nécessaire et une bonne idée. Je pars souvent du principe que Monsieur a raison et qu’il sait tout mieux que moi, et surtout, qu’il a pensé à tout. Ce qui n’est pas toujours le cas, ne lui en déplaise ;) . Et il se pourrait que j’aie une meilleure idée (si ! si !).


Je dois aussi plus m’investir dans le bateau et lire les notices techniques surtout. Car j’ai dépiauté tout le bateau, je sais où se trouvent les choses, mais je ne sais pas encore comment elles fonctionnent.


Il est 20h50. Nous sommes seuls sur le bateau, complètement vannés. Nous restons une nuit de plus que prévu à bord.


30 septembre, nous profitons d'une matinée calme, juste à ne rien faire. Ca fait un bien fou, après une semaine à trimer de 8h à 20h sur le bateau. On ne sait pas où est passé le temps. J’ai l’impression que je suis arrivée hier seulement. Nous rangeons le bateau, faisons nos sacs et partons à l’arrache car notre taxi est arrivé très vite.

Grenadine nous attend sagement à Grimaud et nous y transférons nos quelques sacs. Nous passons voir comment se porte Dragoleon et nous repartons vers Bruxelles.



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