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Septembre 2022

Updated: Dec 4, 2022



Je vous préviens, ça va être plutôt long cette fois-ci ;) Prenez un chocolat, une tasse de thé, installez-vous confortablement avec le chat sous le plaid et bonne lecture!


30 août


Après un trajet en train jusque Marseille sans encombre depuis Bruxelles, nous décidons de reprendre un train pour Saint-Raphaël, qui part une heure après notre arrivée à la gare. Mais il y a trop de monde qui grouille, la température est intolérable et un pigeon me chie dessus DANS la gare, sur mon tout nouveau polo brodé avec notre logo, ... C'en est trop. nous appelons un Uber, qui arrive 2 minutes plus tard. Nous passons de 30° à 18°... Le choc est rude.

Pas autant que lorsque nous arrivons à l'hôtel le plus proche du chantier naval... C'est difficilement descriptible: de petits bungalows collés les uns aux autres, la peinture qui s'écaille de partout à l'extérieur. A l'intérieur, la peinture grise est triste, ça sent la clope et le parfum bon marché. Comment est-ce possible, alors que la clim' tourne à fond les manettes? Et bien c'est simple: le détecteur de fumée a tout simplement disparu... Mon capitaine associe le lieu à un hôtel de passe bon marché, ce qui me fait rire. Bon, le principal, c'est que nous ayons bien dormi.


31 août

Là-bas est remis à l'eau, comme prévu. Il est amarré au ponton de bois du chantier, car la marina n'a "plus de place"... Alors qu'en ayant fait notre tour de reconnaissance, nous en avions compté bien 5 qui pouvaient tout à fait convenir à notre voilier au niveau tirant d'eau. Bref...




1er septembre

Il fait splendide et nous décidons d'aller au mouillage un peu plus loin dans la baie de Saint-Tropez. Etant donné que le génois n'est pas encore à poste, nous y allons au moteur. Et là, surprise! Le pilote automatique ne répond plus... Ô joie Ô bonheur. Et oui, sur un bateau, il y a toujours quelque chose qui casse, qui tombe en panne, qui demande du bricolage. Ça n'arrête jamais. D'autant plus que nous avons aussi tout de suite vu que le WC de la cabine arrière tribord fuyait. Nous avons repoussé ce bricolage ragoutant au week-end, avant l'arrivée de notre skipper-formateur.

En attendant, nous profitons de la température estivale et d'une eau à 28° digne des Caraïbes. La détente fait du bien, après 3 mois de travail intensif. Nous passerons les 3 jours suivants au port, à bricoler et à retrouver nos marques sur le bateau.


5 septembre

Le mécano du chantier d'à côté vient jeter un œil à notre fameux pilote automatique. Après plusieurs tests, il s'avère que le souci est du côté de l'électrovanne qui commande une tige dans le vérin, soit la meilleure des mauvaises solutions: il ne faut pas remplacer tout le système hydraulique, seulement la pièce. Nous demandons au chantier de la commander immédiatement, car nous souhaitons pouvoir partir le plus rapidement possible pour Hyères, où nous attend notre Code D, cette voile d'avant à utiliser pour les moments où il y a peu de vent.


6 septembre

Notre skipper-formateur arrive en fin d'après-midi, après un trajet épique en bla-bla car. Une pizza requinque tout le monde et nous discutons stratégie.


8 septembre

Ce jeudi sera consacré aux manœuvres à la voile. La révision est plutôt bienvenue et nous assistons à un spectacle incroyable: le Sailing GP a lieu ce week-end et nous pouvons admirer aux premières loges les concurrents qui s'entraînent. Ces immenses multicoques à la grand voile rigide et qui volent au-dessus de l'eau à des vitesses folles m'impressionnent. C'est un spectacle un peu étrange aussi, car les bateaux, c'est plutôt fait pour voguer, non?


10 septembre

Vendredi et samedi, malheureusement, la météo ne nous permet pas de sortir: on nous annonce un vent de force 7 (entre 50 et 60km/h), soit bien trop pour deux débutants comme nous. Que nous importe! Si nous ne sortons pas le bateau, nous sortons dans nos têtes et révisons toutes les étapes des manœuvres essentielles sur papier: hisser et descendre la grand voile, prendre et lâcher un ris, etc. Sans parler de la révision des nœuds et de l'apprentissage de nouveaux nœuds super cool, comme le trucker clip.


11 septembre

Dimanche, après deux mauvaises nuits dues au vent et peut-être aussi à la pleine lune, nous profitons du mouillage pour assister au début de la seconde course Sailing GP, au milieu d'une foule de bateaux. Nous quittons bien vite la crique, car mon Capitaine a repéré un peu de vent au loin. Sauf que, une fois sortis de la baie, nous voilà en pleine pétole! Qu'à cela ne tienne: nous revoyons nos différentes manœuvres de base et revenons ensuite près de la plage pour tester notre nouvelle ancre.

Ô nouvelle surprise: le guindeau peine à remonter les derniers mètres de chaîne... Plusieurs questions se posent alors: la chaîne et l'ancre sont-elles trop lourdes? Les batteries sont-elles encore en bon état? Et le guindeau? Nous espérons ne pas avoir à le changer tout de suite. Des tests seront nécessaires pour déterminer la cause du problème.

Et dernière émotion de la journée: voilà-t-y pas que Neptune me réclame encore un tribut: mon téléphone me glisse des mains, glisse sur le teck, rebondit sur le rebord du passe avant et plouf! va permettre aux poissons de faire des selfies... Vous me direz qu'il y a pire endroit pour tomber à l'eau que juste en face de Saint-Tropez.


12 septembre

Nous apprenons que la pièce commandée prendra 2 semaines à être livrée via le chantier. Pas question! se dit mon Capitaine, qui prend les choses en main immédiatement. Enfin, on voudrait bien, mais la marina nous informe que nous devons absolument libérer la place pour l'après-midi. Ca tombe bien, cette fois, il y a vraiment du vent et les conditions sont idéales pour naviguer. Un peu emportés par notre enthousiasme, nous voilà loin de la baie de Saint-Tropez. Nous avons le temps de savourer le retour, qui nous prendra plus d'1h30. Je suis à la barre et le vent nous pousse gentiment vers la marina, les voiles sont réglées à la perfection. C'est la première fois que je manœuvre dans le champ d'énormes yachts qui campent en face de Saint-Tropez. C'est impressionnant!

Nous en profiterons pour refaire des tests pour l'ancre. Tout semble fonctionner parfaitement. Il faudra juste entretenir le guindeau, ce qui n'a sûrement pas été fait depuis des lustres. Seule chose à laquelle il nous faudra bien penser: laisser les gazs allumés pour la manœuvre de remontée, pour ne pas vider les batteries. Nous rentrons heureux et fourbus.


13 septembre

Notre skipper et mon Capitaine partent à la recherche de l'électrovanne, ce trésor presque introuvable.... qu'ils finissent par dénicher en Bretagne. La pièce est commandée immédiatement et livrée 24h plus tard. En plus, coup de bol, le spécialiste du pilote automatique que mon Loup de mer a contacté est à Cogolin. Il passe sur le bateau et nous promet lui aussi de trouver un double de la pièce et de repasser le lendemain pour tout installer. Quand les planètes s'alignent, il faut en profiter.


14 septembre

Ce mercredi est triste et le temps alterne entre nuages bas et grosses pluies. Cela fait du bien à la terre mais cela nous coince au port. Et nous y sommes encore jusqu'à au moins dimanche, car la météo joue contre nous: le mistral va souffler jusqu'à 90km/h. Bon, c'est la vie et il faudra nous habituer à ce genre de situations. Quel meilleur moment pour préparer un cake au chocolat et ranger le bateau de fond en comble?


15 septembre

C'est une journée miraculeuse: le spécialiste es pilote automatique nous répare le nôtre ainsi que... la pompe de cale qui causait des nuits blanches à notre skipper. Après un an de supputations, nous savons enfin que c'était le bouton même de l'interrupteur de pompe de cale qu'il fallait remplacer. Nous pouvons remonter les parois de notre coffre arrière tribord. Pour longtemps, espérons-nous.


17 septembre

Vendredi et samedi, nous en profitons pour terminer les tâches administratives, rangement, inventaires, avitaillement et surtout... préparation de notre première grande navigation. ENFIN! Nous partons demain. Je trépigne d'impatience. Si le vent est favorable, nous voulons passer par les calanques de Cassis après avoir été récupérer notre voile d'avant (Code D), puis Cadaquès, Barcelone, avant de bifurquer vers les Baléares et terminer notre périple sur la côte andalouse pour rejoindre notre marina d'hivernage.


18 septembre


Dimanche, 7h15. Nous sommes à la pompe à essence. Un autre voilier est déjà sur place. Nous nous saluons et ils partent quelques minutes plus tard. Le diesel ne semble pas s'écouler assez vite... Puis, c'est officiel: nous avons VRAIMENT quitté Cogolin pour Porquerolles, où nous passerons la nuit.

Après tous ces exercices à la voile dans la baie de Saint-Tropez, c'est presque étrange de la quitter à la voile cette fois. Le vent est bon et nous arrivons en début d'après-midi dans une petite crique de l'île, déjà pas mal peuplée. Mais bon, la plupart des bateaux s'en iront en début de soirée, se dit-on en mettant l'annexe à l'eau pour aller marcher un peu sur l'île, dont l'environnement est splendide. Nous trouvons le village. C'est Disneyland. Il y a énormément de monde, tout est vraiment TRÈS cher et pour le repas du soir, nous avons sursauté à l'addition, même en ayant été très raisonnable. Bref, nous risquons d'y revenir, mais cette fois pour louer des vélos, prendre un pique-nique et rouler sous les pins centenaires.

Contrairement à ce que nous pensions, il reste encore beaucoup de bateaux dans la baie, dont un catamaran de location. Les locataires, abreuvés à quelque chose de transparent qui n'est pourtant pas de l'eau, nous ont fait participer malgré nous à leur petite fête nocturne.


19 septembre

Comme nous l'expérimenterons lors de ce voyage, la météo est très facétieuse à cette période de l'année en Méditerranée. Les prévisions changent du tout au tout et le vent est plus fort que prévu et... dans le nez. Nous mettons donc le moteur en route jusqu'à Hyères, soit un peu plus d'une heure de trajet.

Et comme la voile, c'est l'équivalent d'un Kinder surprise, sauf que tu ne choisis pas quand tu en reçois un, notre propulseur d'étrave ne fonctionne pas (C'est cadeau, ça me fait plaisir)... Mon capitaine refait donc la manœuvre en tremblant pour prendre sa place dans le port, sous l'œil attentif de notre maître skipper.

Nous prenons aussitôt nos dispositions: nous passerons une nuit sur place pour résoudre cette affaire. Par chance, sur le bateau d'à côté travaille un mécano que connaît le spécialiste des voiles affairé sur Là-bas. Le mécano nous promet de passer en fin d'après-midi.

La première bonne nouvelle, c'est que le Code D est à poste, même si la drosse est un peu courte. Elle sera remplacée cette après-midi aussi. La seconde, c'est que notre bar "Mojito" est ouvert et que tout est toujours aussi bon.

Comme nous sommes arrivés au ponton sur bâbord, nous en profitons pour ressortir toute la chaîne et la marquer tous les 10m. Ce sera beaucoup plus facile pour les manœuvres d'ancres! De jolis zones bleue, rouge, blanche, jaune, verte et une dernière de toutes les couleurs décorent notre ancre. Sous le soleil de plomb, les hommes ont sué!

La drosse est remplacée et coup de bol (il en faut parfois), le problème de propulseur a été résolu en quinze minutes. Nous savons quoi vérifier maintenant si cela se reproduit. Je laisse le soin à Monsieur de détailler ces infos dans son article, s'il le souhaite! ;)


20 septembre

Nous sommes tout excités à l'idée de quitter la France pour l'Espagne. Et je le suis d'autant plus que ce sera ma première nuit. Notre skipper nous prévient: la traversée sera musclée... Nous y allons quand même, parce que nous avons envie d'avancer vers Cadaquès.

Je confirme que c'était musclé. Malgré des creux de 3-4 mètres, nous sommes restés tous les 3 sur le pont, tandis que nous filons à 10 noeuds au près, avec deux ris pris dans les voiles. J'ai été malade comme jamais (j'ai vomi 4X), nous avons eu un souci de fuite de fuel sous les planchers, qui rendait l'intérieur du bateau complètement inhabitable et a rendu mon loup de mer malade. J'ai eu froid, je n'ai pas pu dormir avant 4h du matin, et pourtant, j'étais complètement HS. Je le dis franchement, c'était horrible... Pour le coup, heureusement que nous étions 3 pour cette première nuit.

Tout avait plutôt bien commencé pourtant. Je me sentais un peu nauséeuse, mais rien de grave. Je voulais voir si j'avais vraiment besoin de prendre un cachet contre le mal de mer ou non, donc je n'avais pris aucune médication. J'étais toute excitée à la tombée de la nuit, je n'avais jamais vu autant d'étoiles s'allumer dans le ciel. Et la Voie lactée! Cela faisait des années que je rêvais de la voir en vrai! Notre skipper m'a fait revoir mes constellations tandis qu'on enfilait nos gilets de sécurité pour la nuit. Jusque là, ça allait. Nous avions pris un ris. Je prenais le premier quart. J'ai commencé à me sentir moins bien lorsque l'horizon a disparu. Vers la fin de mon quart, vers 1h du matin, le vent a forci. Nous avons pris le deuxième ris à ce moment-là et c'est la première fois que j'ai demandé un seau.

Après mon deuxième épisode de vomissement, mon capitaine m'a donné un cachet, qui n'a pas tenu 20 minutes dans mon estomac. Je me suis couchée en position foetale dans le carré et j'ai fermé les yeux. Ca allait un peu mieux. J'ai suivi tout ce qu'il se passait avec les oreilles, car impossible de m'endormir, malgré ma tenue et la couverture que mon loup de mer m'a tendue avec amour. J'ai entendu ce qu'il se passait à propos des fuites de diesel notamment: la durite de retour de l'ancien générateur, enlevé il y a presque un an, n'a pas été bouchée. Résultat, à chaque vague, une petite quantité de fuel fuite dans les fonds. Notre skipper l'a bouchée comme il pouvait.


J'entendais le bateau gémir, craquer, le vent mugir le long de la coque, le bateau fendre les vagues (Certaines ont d'ailleurs atterri dans le cockpit, rendant l'atmosphère encore plus agréable...). J'avais l'impression de rouler à 300km/h sur autoroute. J'ai encore été malade deux fois, je ne sais plus quand.

Lorsque j'ai ouvert un oeil vers 3h du matin, j'ai vu la lune se lever. Elle apparaissait orange pour le croissant du dessus et toute noire pour le reste du disque. C'était splendide. C'est vers ce moment-là que mon capitaine a lui aussi rentabilisé notre seau. Il est ensuite venu s'allonger près de moi. Nous nous sommes partagés un banc, le plus loin possible de la descente. Avec ses jambes sur moi, j'ai fini par m'endormir, après avoir encore aperçu la lune qui montait petit à petit en pâlissant.


21 septembre

Notre skipper est resté debout jusqu'au matin, jusqu'à ce que nous soyons plus ou moins en état de bouger à nouveau. Le vent avait faibli, à mon grand soulagement. Il faisait beau et j'ai pris plaisir à enlever toutes mes couches une à une.

Avec ces fuites de diesel, nous avons décidé de piquer sur Roses, un petit port situé non loin de Cadaquès. Nous amarrons vers 13H30. Nous quitterons le bateau 1h plus tard pour l'hôtel, que mon capitaine a réservé entre-temps, pour nous remettre de nos émotions. C'est moche, le personnel n'est pas des plus sympa, une colonie de septuagénaires fume devant l'entrée en discutant à 150 dB, mais tout ça n'a pas d'importance. Tandis que notre skipper s'attelle courageusement à pomper tout le liquide accumulé sous les fonds, nous nous accordons une sieste.


Il fait encore très chaud lorsque nous retournons au bateau en fin d'après-midi. Il est à nouveau à peu près habitable, youhou! J'avoue que cela m'a doublement rassurée, car tous ces problèmes rapprochés et comportant un vrai potentiel de nous bloquer pour des jours au port m'ont un peu refroidie. Sans compter cette première nuit... Mon capitaine m'a avoué plus tard qu'il s'attendait à ce que je l'envoie sur les roses dès le matin. Pourtant, il est trop tôt pour se décider. Il faut donner sa chance au produit ;).


Même si, depuis, je ne navigue plus sans médication... ^^



22 septembre

Après une nuit sans rêve et un petit-déjeuner immonde, nous prenons nos cliques et nos claques. Le temps est parfait pour traverser vers Minorque. Il y aura donc une nouvelle nuit de navigation. Ma deuxième donc. Cette fois, vent calme, médication, audiobook et 4 étoiles filantes rendent mon quart agréable.


23 septembre

Nous arrivons à Minorque au lever du jour, dans une crique superbe, où nous sommes le seul bateau. L'eau transparente et à 28° invite à la baignade et en fin d'après-midi, nous faisons une petite balade sur la côte. J'ai très envie de découvrir cette île encore sauvage des Baléares de fond en comble.




24 septembre


Ce ne sera pas pour cette fois. Mon loup de mer se réveille vers 7h et, pris d'un doute, vérifie la météo. Encore une fois, celle-ci a changé d'avis. Un orage menace, et nous sommes pris au piège dans notre crique, si nous ne bougeons pas immédiatement.


Branle-bas de combat en bigoudis. Sous une pluie diluvienne, mon capitaine tient la barre, passant en boucle dans sa tête, la musique du début du film de "Pirates des Caraïbes". Vu de l'intérieur, il a l'air de s'amuser comme un petit fou, même en étant trempé. C'est un décor étrange: le soleil se lève à travers l'orage et c'est magnifique.


Nous arrivons au port de Menorca, au pied de la ville de Mahon, vers 11h30. Superbe port, eaux transparentes et ponton flottant près d'une île dominée par un ancien hôpital militaire, un superbe édifice qui nous donne envie d'aller l'explorer: la Isla del Rey.


Nous nous promenons dans la ville de Mahon, goûtons aux tapas et faisons une rencontre surprenante: un Belge qui habite là depuis des années nous donne quelques trucs et astuces et nous offre un verre de gin local (j'adore!).

Nous irons faire des courses demain. Nous sommes heureux d'être au port pour la nuit, car nous attendons 2 nuits de tempête.


25 septembre

La journée varie entre nuages et soleil. Nous allons visiter la Isla del Rey et ses bâtiments aux jardins superbement entretenus, après avoir fait quelques courses. Il y a peu de monde et les salles d'exposition sont vides, ce qui nous convient parfaitement. Nous flânons tranquillement, profitant du cadre et des vues.

Nous avons prévu de partir vers 8h30 demain. Nous ne savons pas encore si ce sera pour Majorque (Porto Colom) ou directement l'île d'Ibiza. Nous verrons où le vent nous porte!




26 septembre

Nous passerons une nuit à Majorque. Comme nous n'avons pas pu faire toutes les courses que nous souhaitions à Mahon, on espère pouvoir trouver plus ici. Nous sommes un peu étonnés: les rayons frais sont quasi vides et on ne trouve que peu de fruits et légumes. Par contre, pas de souci pour refaire les stocks de médicaments anti mal de mer. Je n'ai pas tout perdu.


27 septembre

Nous partons pour Formentera, cette petite île au sud d'Ibiza. Nous jetons l'ancre exactement au coucher du soleil, dans une crique magnifique.

MAIS la météo a nouveau changé et la houle est telle qu'il est impossible de dormir, nous sommes ballottés de tous côtés et nous entendons le contenu des placards qui danse la gigue. Vers 1h du matin, excédés, nous repartons. Les hommes galants m'ont invitée à retrouver mon lit, qui ne bouge plus depuis que le moteur est en route. Je dors comme un bébé.


28 septembre

Je me réveille aux portes de la ville d'Ibiza. Malheureusement, aucun des ports d'Ibiza ou autour n'a de la place. C'est embêtant, car deux nuits agitées nous attendent. Nous faisons au mieux et mouillons au sein d'une crique bien abritée. Nous n'avons pas perdu au change: la baignade est délicieuse et il y a énormément de vie à observer sous l'eau.


29 septembre

Nous revenons devant la plage d'Ibiza et sortons l'annexe. Nous avons un sac énorme de lessive et grand besoin de faire des courses. Nous en profiterons ensuite pour faire un tour dans la vieille ville, qui domine la partie moderne. Elle vaut la peine d'être vue.

En attendant la lessive, nous nous attablons en bord de mer pour passer le temps. Il fait magnifique. J'avoue que je n'ai jamais pris autant de plaisir à observer les gens qui passent. La moitié semble s'abreuver de vodka dès le petit matin, tandis que la majorité croit défiler au Festival de Cannes, mais en maillot. Ou plutôt en string pour les femmes. Je n'ai jamais vu autant de personnes qui croient devoir prouver quelque chose dans un même endroit, c'était vraiment très intéressant: entre la nana en tenue de sport qui slalome, musique à fond, sur une trottinette trop petite pour elle, le jeune homme vêtu d'un pantalon, de baskets et d'un pull par 28° (l'exception habillée), celui-là qui vient de s'enquiller 6 mois de salle de sport et qui tient à le montrer, tout en pecs rehaussé d'un petit short bleu clair, deux ou trois mamys habillées comme des jeunettes, la jeune femme qui se filme en train de marcher dans la rue (sûrement pour son profil insta) et la camionneuse en goguette. Nous avons bien ri.


30 septembre

Le temps est idéal pour traverser vers la côte espagnole. Fait rigolo: nous croisons deux poissons volants le long de la côte d'Ibiza. La traversée se passe plutôt bien. Pourtant, malgré les médicaments contre le mal de mer et le fait que je m'amarrine petit à petit, je suis frustrée, car je ne sais toujours rien faire d'autre en traversée qu'écouter de la musique ou des audiobooks. Lire ou écrire sont encore à éviter. Je trouve donc que les traversées sont plutôt longues et monotones. La nuit, comme ce sont des quarts de 3h, le temps passe plus vite et il faut rester vigilant.


1er octobre

Nous arrivons au port de Carthagène vers 8h du matin. Nous commençons par faire le plein avant de rejoindre notre place de port. Le port de plaisance est derrière le port de commerce et le fait de passer dans un chenal où se croisent d'énormes bateaux de marchandises est impressionnant.

Le port n'est pas extraordinaire, mais il est pratique car juste à côté de la ville et l'accueil est vraiment top. Anecdote: comment nous avons eu l'idée d'aller là? En suivant les aventures sur Youtube d'un couple de quinquagénaires qui avaient fait l'éloge de ce port. Et ils avaient raison. La ville est très agréable. Surtout avant 10h, lorsqu'il n'y a encore personne dans les rues. Nous cherchions un café pour prendre un petit-déjeuner. Pour le malheur de mon loup de mer, les Espagnols mangent surtout salé le matin... Il a reçu un toast aux tomates avec son café et a tiré une drôle de tête! Nous avons trouvé plus tard une boulangerie pour compenser ça. Nous sommes tombés par hasard sur le Forum romain. Le musée venait d'ouvrir et nous étions presque seuls dans l'immense bâtiment, flanqués des ruines de l'ancien forum. La ville en a fait un lieu vraiment très agréable où il est permis de flâner.

Ensuite, tapas chez Larvi en face d'une église. Nous avons suivi de loin quelques cérémonies de mariage tout en profitant de délicieuses tapas. C'était tellement bon que nous y sommes retournés le soir-même.


2 octobre

Nous nous remettons en route. Le vent est parfait pour ENFIN pouvoir tester le code D, notre nouvelle voile d'avant. Alors, pour moi qui n'ai jamais manipulé de voile de ce type avant, c'est quand même tout un bordel. Notre skipper nous assure que c'est la même histoire pour toutes les voiles d'avant. Bon... Nous devrons donc nous exercer et la sortir lorsque les conditions sont optimales pour elle.

Je vois des dauphins! 2 ont sauté près du bateau.

Dernière nuit, dernier quart. Nous ne laissons que le génois à poste pour plus de sécurité, car les rafales peuvent être fortes. Malheureusement, alors que nous étions censés avoir du vent jusqu'à notre arrivée à Motril, celui-ci tombe complètement. Nous terminons donc la nuit au moteur.


3 octobre

Nous arrivons à Motril vers 9h du matin et nous y resterons une nuit. C'est un tout petit port, pas joli pour un sou, mais au personnel adorable.

Mon capitaine est aux anges: des toasts à la confiture sont disponibles au café du port.

C'est une journée où il n'y a rien à faire, donc nous en profitons pour nous reposer.

Je repense un instant à toutes les serres que nous avons vues sur la côte juste avant d'arriver à Motril. C'est triste, c'est honteux, c'est une vraie destruction de l'environnement. Quel gâchis!


4 octobre

Et voilà, c'est le dernier trajet. Un saut de puce: 2h au moteur, car il n'y a pas le moindre souffle de vent. La mer est d'huile et pour notre plus grand bonheur, nous assistons aux sauts de dauphins et même ceux de thons. Il y a des grappes de brouillard par endroit sur la côte, ce qui lui donne un petit côté mystérieux.

Le trajet est silencieux. Nous sommes tous plongés dans nos pensées. Je suis heureuse d'arriver à destination et de me poser quelques jours, je l'avoue. Notre skipper repart le lendemain. Nous profiterons de la soirée pour un dernier verre, tout en révisant les nœuds et les manœuvres qui concernent le Code D.

Nous échangeons nos impressions. Nous sommes ravis du voyage. Nous avons parcouru nos premiers 1000 milles (soit 1800km) avec Là-bas. Il y a eu des moments agréables, d'autres plus durs. Nous avons acquis une première expérience de terrain, grâce à notre skipper, qui a rendu cette traversée confortable et surtout, il a été une excellente compagnie, qui partageait ses expériences, ses conseils, ses astuces sans rechigner. Nous avons pu découvrir de nouveaux endroits, bien qu'il nous reste un goût de trop peu, car nous n'avons pas pu y passer plus de temps. Nous y retournerons! Et lors d'une saison plus clémente.

Nous avons pris conscience que notre programme de départ était bien trop ambitieux, surtout au vu du vent capricieux de cette période. Nous avons navigué beaucoup, ce qui était le but, mais nous nous sommes laissés peu de temps pour nous poser. Pour les prochains voyages, nous sélectionnerons moins de lieux à voir, pour pouvoir y rester plus longtemps, et nous compterons bien plus de temps de voyage, car un imprévu est toujours possible.





Mes sensations en quelques mots par rapport à ce premier mois de vie en mer

Les moins

Je suis frustrée d'être sous médication. J'espère vraiment pouvoir m'en passer un jour tout en étant si bien sur le bateau que je pourrai tout faire: lire, écrire, bricoler, travailler, etc. pour tuer le temps des traversées. Une petite voix me souffle que pour arriver à un tel niveau de confort en traversée, il faut être un sacré marin. Et bien je ne désespère pas... ^^ Mais ça me fait voir la transatlantique d'un oeil un peu plus sceptique...

Je savais que sur un bateau, il y a toujours des trucs qui cassent. Mais au début du voyage, l'accumulation des soucis techniques m'a un peu refroidie. Sans compter que la météo fin septembre n'est pas idéale en Méditerranée. C'est dommage que le pilote automatique nous ait privé d'un semaine supplémentaire de navigation, car cela aurait pu faire la différence. Mais bon, on ne refait pas le passé! Et le futur est encore bien vaste.


Les plus

Le ciel étoilé lors du quart, l'immensité et le silence de la mer, les méduses bioluminescentes, le bruit du vent et des vagues. C'était juste magique. La distance à laquelle on aperçoit phares et bateaux est vraiment impressionnante. J'aime aussi voir le soleil se lever sur les côtes, voir se rapprocher doucement notre destination et sentir les fourmis de la curiosité qui nous poussent à l'exploration.


J'ai appris énormément sur le bateau. Je comprends mieux les manoeuvres et je maîtrise le piano (non pas les notes, mais les cordages qui reviennent dans le cockpit). Je barre déjà mieux qu'il y a quelques semaines et je n'ai pas peur d'aller à l'avant même par 30 noeuds de vent. Je suis même montée au mât pour affaler la voile, armée de mon seul gilet et de mes gants pour affaler la voile dans ces conditions. Je suis assez fière de moi en fait. Et je me sens prête à tenter les manoeuvres de port par temps calme, peaufiner la barre et le routing.


Vivement les prochaines navigations.





1 Comment


Ania Kabeya
Ania Kabeya
Oct 28, 2022

Eh bien….. Waouw ! Quel début d’aventure!!! J’ai adoré te lire. Tous ces détails qui m’ont fait sourire aussi… Petit à petit, les bons moments prendront le dessus sur les moins bons… 😊😊👌🏽👍🏽👍🏽👏👏👏👏

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